Ipswich, le plus grand port d'exportation de céréales anglais, a franchi la barre des 2 Mt en mars bien que l’année ait coïncidé avec les restrictions sanitaires et la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
En 2020, Ipswich, détenu et exploité par Associated British Ports (ABP), a traité un volume record de 900 000 t de marchandises, principalement des céréales et des engrais mais aussi des matériaux de construction et du bois. En mars dernier, le plus grand port céréalier du Royaume-Uni a franchi la barre des 2 Mt en dépit des mesures de confinement imposées par la pandémie et des contraintes liées à la sortie du pays de l’Union européenne. La hausse des volumes a été alimentée par une augmentation significative des flux d'agribulks tels l'orge, le maïs, le soja et le blé.
Les exportations britanniques de céréales ont été particulièrement fortes l’an dernier en raison d’une belle campagne favorisée par un temps clément au printemps. Ipswich et King's Lynn (le port frère voisin appartenant aussi à ABP) ont exporté ensemble près de 200 000 t de produits agricoles à bord de 56 navires durant la saison estivale.
Pour la deuxième année consécutive, les exports de céréales du pays sont bien supérieurs à ceux de l'année précédente. Plus de 1,14 Mt de blé ont quitté le Royaume-Uni au cours de la campagne 2019-2020 (de juillet à juin), soit au moins trois fois la quantité expédiée au cours de la période comparable de 2018-2019, les exportations mensuelles ayant atteint un pic de plus de 265 000 t en septembre 2019 selon l'Agriculture & Horticulture Development Board (AHDB).
Escale d’un navire d’une taille inédite
Cette année, les importations britanniques de céréales et d'autres cargaisons de vracs secs se sont poursuivies à un rythme soutenu au cours des quatre premiers mois bien que les inquiétudes liées à la persistance d'un temps froid et sec en Europe et aux États-Unis ont conduit à revoir à la baisse les prévisions de récoltes de céréales de cette année.
En avril, Ipswich a reçu l'un des plus grands navires à y avoir jamais fait escale, le cargo Ijborg de 12 000 t transportant une cargaison de plus de 8 000 t de riz en provenance de la Nouvelle-Orléans. Ce navire de 143 m a nécessité l’assistance de trois remorqueurs pour l'aider à manœuvrer en toute sécurité jusqu'au quai.
Andrew Harston directeur des ports short sea d'ABP, s’était précédemment félicité « du maintien de niveaux d'importation élevés dans les mois à venir », le port fluvial situé sur la rivière Orwell à environ 20 km en amont du port de Felixstowe étant équipé « de l'infrastructure appropriée et de l'expertise nécessaire » pour répondre aux exigences des clients.
Accords commerciaux au-delà du Brexit
La résilience du commerce de vrac britannique cette année tient en partie à la confiance renouvelée des clients après la fin de la période de transition liée au Brexit. L'accord commercial entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, arraché in extremis en décembre dernier, a permis d'éviter le Brexit « sans issue » tant redouté, signifie David Swales responsable de la prospective stratégique chez AHDB. Il a garanti au contraire « un commerce sans droits de douane ni quotas pour les marchandises, bien qu'avec de nouvelles exigences douanières. »
Le gouvernement britannique a également conclu une série d'accords commerciaux dits « de continuité » avec 60 pays non-membres de l'UE, ajoute-t-il, qui « visent à reproduire les conditions préférentielles dont [le Royaume-Uni] bénéficiait en tant que membre de l'UE » et ont donc renforcé la confiance commerciale.
À plus long terme cependant, le responsable anticipe des changements dans la politique agricole nationale du Royaume-Uni qui pourraient affecter les exportations de céréales britanniques. Le gouvernement entend récompenser les agriculteurs différemment que par une aide directe au revenu.
Un chantier de dix-huit mois
Entre-temps, ABP a terminé l'installation de nouvelles portes d'écluse à l'entrée du West Dock du port d'Ipswich pour un montant de 2 M£. Livrées par barge pour éviter tout transport routier, celles-ci ont été installées à l'aide d'une grue flottante venue des Pays-Bas.
Le chantier a duré dix-huit mois et a été achevé dans les délais prévus, selon ABP. Les nouvelles portes d'écluse fabriquées par le britannique Ravestein devraient préserver les opérations portuaires pendant plusieurs décennies.
Robert Jaques