Deuxième grève programmée à Felixstowe fin septembre

La médiation a épuisé toutes les voies de négociation. Les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à s’entendre sur le contenu du paquet salarial, objet des revendications. Le syndicat Unite, qui représente les dockers dans le premier port britannique pour les conteneurs, a voté en faveur d’un deuxième mouvement après celui observé fin août. Programmé du 27 septembre au 5 octobre, il coïncidera avec celui de Liverpool, du 20 septembre au 3 octobre. La première manifestation a un effet domino sur d’autres ports du range nord-européen.

La date de la deuxième grève « promise » depuis le terme du premier débrayage de huit jours, observé du 21 au 28 août a été annoncée par le syndicat Unite représentant les dockers. La nouvelle opération à Felixstowe, d’une durée de huit jours, a été votée à 82 % et devrait débuter dans le terminal exploité par Hutchison Ports à 7 heures le mardi 27 septembre et se terminer à 6h59 le mercredi 5 octobre. Elle coïncidera avec celle prévue sur deux semaines, du 19 septembre au 3 octobre, dans le port de Liverpool, exploité par une société distincte, Peel Ports, mais également en négociation avec Unite. À Liverpool, le mouvement a été différé d’un jour, au 20 septembre, en raison des funérailles de la reine Elizabeth II.

Les représentants des salariés du premier port britannique avaient prévenu qu’ils maintiendraient la pression tant que ne serait pas proposée une offre salariale améliorée correspondant au « moins au taux d'inflation » soit un taux compris entre « 7 % et 12,3 % ». Le premier mouvement avait été observé par quelque 1 900 dockers sur les 2 500 qui opèrent dans ce port stratégique pour les importations conteneurisées du pays (40 %) avec en moyenne 80 à 100 000 EVP manutentionnés par semaine et où s’opèrent 75 mouvements de trains intermodaux par jour. 

À Felixstowe, bastion de la modération syndicale depuis des décennies, la revalorisation salariale de 7 % et la prime inflation de 500 £ proposées par la Felixstowe Dock and Railway Company avaient été rejetées par le syndicat, arguant que ces mesures seraient complètement absorbées par le niveau d’inflation (9,9 % en août, après 10,1% en juillet, selon la dernière actualisation de l'Office national des statistiques). Selon des économistes, le taux d'inflation au Royaume-Uni pourrait atteindre 20 % au cours de l'hiver prochain, face aux difficultés du royaume à pourvoir à son approvisionnement énergétique.

Médiation épuisée

« Le processus de négociation collective a été épuisé et il n'y a aucune perspective de parvenir à un accord avec le syndicat », a déclaré un représentant du terminal exploité par le hongkongais Hutchison. Le processus de négociation dans l'impasse, le manutentionnaire a indiqué qu'il allait mettre en œuvre sa proposition salariale, antidatée au 1er janvier 2022.

« La poursuite de la grève entraînera inévitablement des retards et des perturbations dans la chaîne d'approvisionnement du Royaume-Uni, mais l'entreprise en est entièrement responsable », a indiqué pour sa part Bobby Morton, responsable national des docks pour Unite. « Plutôt que de chercher à négocier un accord pour résoudre le conflit, l'entreprise a essayé d'imposer un accord salarial. »

Contexte général d’agitation sociale

À Liverpool, port de moindre importance, les négociations avec la Mersey Docks and Harbour Company (groupe Peel Ports) ont également avorté. Le différend porte également sur une réévaluation des niveaux de salaires à l’aune de l’inflation. L’employeur, Peel Ports Group, a proposé « un paquet salarial de 8,3 % », rappelant qu'il a concédé une augmentation de 4,5 % en 2021 et recruté 150 personnes supplémentaires au cours des 12 derniers mois. Ces mesures ont toutefois été jugées insuffisantes par les partenaires sociaux.

Ces mouvements s’inscrivent dans un contexte d’agitation sociale au Royaume-Uni touchant notamment les transports alors que la conservatrice Liz Truss est devenue officiellement la première ministre du Royaume-Uni le 6 septembre avec un cabinet encore plus ancré à droite que celui de Boris Johnson. La dirigeante est confrontée à une situation économique préoccupante, où des millions de Britanniques se trouvent dans l’incapacité de payer leurs factures d’énergie qui ont flambée dans la foulée de la guerre en Ukraine.

Des effets sur la chaîne

Les impacts de la grève de huit jours dans le premier port britannique pour les conteneurs, déjà saturé en temps normal, ont été mesurés par plusieurs sociétés. Les temps d'attente s'allongent pour les navires et le traitement des conteneurs. Selon VesselsValue par exemple, le temps d’attente moyen pour qu’un navire puisse accoster est passé de 10 à 30 heures entre le début et la fin du mois d’août.

Un effet domino s’est en outre opéré avec des conséquences pour Hambourg et Bremerhaven. « Pour les navires à l’importation, le nombre moyen de jours d'attente pour accoster a presque doublé pour atteindre 10 jours, tandis que le temps d'attente des exportations a augmenté de 9 % », a calculé Crane Worldwide Logistics.

Selon Everstream Analytics, société de gestion des risques des chaînes d’approvisionnement, les escales portuaires ont chuté de 82 % par rapport à la semaine précédant la grève, avec seulement cinq navires contre 29 au cours de la semaine du 15 août. Manifestement, les déports vers d’autres ports nord-européens ont mis sous tension quelques terminaux déjà congestionnés. Le temps d'attente moyen des navires au port de Hambourg a augmenté à 42 heures en moyenne tandis qu’à Bremerhaven, le nombre quotidien de navires qui attendent au mouillage a bondi à 18, soit 63 % de plus que la moyenne de l'année.

A.D. 

 

 

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