Un arrêté préfectoral notifié le 11 mars dernier annule l'arrêt technique de deux paquebots prévus chez Damen Ship Repair à Brest. L'Explorer of the Seas et l’Anthem of the Seas ne viendront pas dans la grande cale qui leur était dédiée.
La décision est intattendue et d'autant plus difficile à comprendre que la réparation navale brestoise gagnait des marchés sur ce créneau des paquebots. La préfecture a annulé deux chantiers de réparation pour deux d’entre eux. Construit en 2000 et rénové en 2015, l’Explorer of the Seas (310 m de long, 3 114 passagers) de la compagnie Royal Carribean International, devait arriver le 23 mars et rester jusqu'au 2 mai. Son sistership, l'Anthem of the Seas (350 m de long, 4 905 passagers), construit en 2015, devait rester 19 jours à partir du 25 avril mais ne sera pas non plus autorisé à venir à Brest. La raison invoquée porte sur les plus de 1000 marins à bord. Deux gros marchés sont ainsi mis en péril après de longs mois de préparatifs.
Les portuaires s'interrogent sur le bien-fondé d'une telle décision qui vient mettre à mal des mois d'études préalables et de préparations diverses, parmi lesquelles la livraison de matériels nécessaires à la réalisation des travaux. Le 14 février dernier par exemple, le cargo Eems Transporter était venu de Turku en Finlande livrer près de la forme 3 un grand toboggan destiné à être mis en place sur le pont supérieur de l'Explorer of the Seas. D'autre part, d'importants travaux de préfabrication, de chaudronnerie par exemple, avaient déjà été réalisés afin de pouvoir tenir les délais toujours très serrés de ces arrêts techniques.
Contrat à aléas
Pour l'instant, Patrick Runavot, directeur du chantier brestois, pare au plus pressé et relativise. Chantiers espagnols et irlandais s'étaient portés volontaires pour assurer ces travaux. Mais l'armateur, qui avait dans un premier temps décidé d'annuler le contrat avec le chantier de Brest, s'est ravisé et les a différés. Dans l'immédiat, Damen Brest poursuit un gros arrêt technique sur le Point Fortin, un méthanier de 290 m et d'une capacité de 154 000 m3. L'arrêt est prévu jusqu'à la fin mars, mais le programme a dû être allégé, le chantier fonctionnant avec un effectif très réduit. Sur le LNG Unity, autre méthanier, à quai depuis plusieurs mois en raison de fuites dans ses citernes de cargaison, les travaux ont été pour le moment arrêtés.
La période est difficile aussi pour les réparateurs brestois. En plus des méthaniers qui constituent leur cœur de métier, ils avaient réussi, depuis quelques années, à se faire une belle place sur le marché des paquebots en tirant partie des possibilités offertes par la taille des cales sèches du port du Ponant.
Gérard Le Brigand
