Céréales : les prix s'envolent à tire d'aile

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Le coronavirus n'a pas, jusqu'à présent, empêché les céréales de circuler. Mais les flux pourraient perdre de leur fluidité avec la deuxième vague et des mesures sanitaires plus drastiques. En anticipation, les pays importateurs se ruent sur les volumes disponibles, provoquant une jolie hausse des prix des céréales.

On attendait les récoltes de l'hémisphère sud, en décembre et janvier, pour renflouer à nouveau le marché. L'Argentine avait encore étendu ses surfaces en blé, le Brésil envisageait d'y consacrer davantage de parcelles. Mais La Niña est passée par là, refroidissant les eaux de surface dans le Pacifique et les ardeurs des négociants. La sécheresse qui sévit sur l'Argentine a empêché les grains de se remplir, les rendements des moissons n'atteindront pas les sommets escomptés.

Certes, la récolte russe a été cette année colossale. Mais c'est la seule à l'échelle mondiale et le président Vladimir Poutine a d'ores et déjà annoncé que son pays aurait recours à la rétention en 2021. Les autres pays exportateurs ont rentré cette année dans les silos des volumes très moyens. Ukraine, Roumanie et Bulgarie ont eu une récolte décevante. Et la planète, inquiète de l'avenir que lui réserve la pandémie, cherche à assurer ses arrières et stocker du grain pour les jours difficiles en cas de ruptures dans la supply chain. C'est le cas de l'Égypte, du Maroc, de la Jordanie, du Pakistan et, en tout première ligne, de la Chine.

207 €/t à Rouen et La Rochelle

Toutes les conditions sont donc réunies pour faire grimper les prix. D'une semaine à l'autre, les marchés s'échauffent, se calment à l'annonce d'une amélioration climatique, puis s'énervent à nouveau. Début novembre, le monde est toujours incertain, le blé atteint 207 €/t à Rouen et La Rochelle. L'indice FAO des prix des céréales en attestent. Il a progressé de 7,2 % entre septembre et octobre et de 16,5 % par rapport à octobre 2019.

La France occupe le créneau chinois et a expédié vers cette destination 500 000 des 700 000 t exportées en octobre. Le chiffre peut sembler faible comparé à celui de l'an dernier, 890 000 t, mais il reste bien supérieur à celui des quatre années précédentes. L'Algérie emboîte le pas à la Chine sur novembre. L'Égypte se manifeste elle aussi sur le marché mondial, mais préfère pour l'instant se tourner vers son habituel fournisseur russe, un peu moins cher. Cependant, l'écart entre prix français et russes est faible et les blés de l'Hexagone ne devraient pas tarder à retrouver leur compétitivité.

Les orges, fourragères et brassicoles, sont-elles aussi en hausse, renforcée par la baisse du dollar face à l'euro. Alors que les orges de la mer Noire sont plutôt stables, la demande chinoise auprès des exportateurs français reste forte.

Incertitudes aussi sur la récolte 2021

Déjà, on lorgne sur la prochaine campagne, celle de 2021-2022. Les deux géants mondiaux que sont les États-Unis et la Russie connaissent quelques difficultés climatiques. Les blés ont été semés à la fin d'un été sec. Les agriculteurs attendaient les pluies pour leur donner le petit coup de pouce nécessaire à un bon démarrage. Mais ces pluies ont été si peu abondantes que les blés en redemandent. Ces débuts de campagne médiocres n'augurent rien de bon pour la récolte de l'an prochain...

Myriam Guillemaud Silenko

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