Bolloré Ports : retour à la vie de Tibar-Bay

La filiale du groupe Bolloré, maître en Afrique, est moins attendue en Asie du Sud-Est. Pourtant, c’est bien elle qui avait décroché, en 2016, l’exploitation du futur port de la capitale du Timor oriental. Son dimensionnement surprend, mais l’État veut en faire un outil de diversification de son économie droguée au pétrole et au gaz. 

Avec cet investissement au Timor oriental, pays d’Asie du Sud-Est, Bolloré Ports sort de sa zone de confort. Le royaume de l’opérateur portuaire se déploie davantage sur le continent africain où il exploite 16 concessions sur les 21 qu’il compte dans le monde. Excepté la gestion du port de Tuticorin dans le sud de l’Inde, il n’est pas attendu sur des contrées si lointaines. Si bien que le projet de Tibar-Bay n’avait pas fait parler de lui depuis bien longtemps.
La filiale du groupe Bolloré lui redonne une actualité en annonçant avoir confié au constructeur chinois ZPMC, à l’issue d’un appel d’offres, le marché de deux portiques de quais (STS) et de quatre portiques de parc (RTG) qui doivent équiper le futur port en eaux profondes.  

« Cette commande de portiques constitue un jalon majeur de ce projet. Grâce à ces équipements, nous allons pouvoir entrer dans la phase opérationnelle. Les nouvelles grues seront dotées des dernières technologies. Elles intégreront notamment un système de contrôle de pointe et un système d'alimentation électrique permettant de réduire considérablement la consommation d'énergie et les émissions de CO2​ », indique dans le communiqué Olivier De Noray, directeur général des concessions portuaires de Bolloré Ports. 

280 M€ d’investissement

L’exploitation du futur port a été attribuée en 2016 à Bolloré Ports pour une durée de trente ans moyennant un investissement de 490 M€. La française avait notamment face à elle P&O, désormais filiale du groupe DP World. Tibar-Bay, qui restera propriété de l’État, doit être mis en service en 2022. Il est le premier développement en partenariat public-privé de ce pays de la région Asie-Pacifique. Les travaux, réalisés par China Harbour Engineering (filiale de l'entreprise publique China communications construction company, CCCC), comprennent dans un premier temps la réalisation d’un quai de 630 m avec un tirant d’eau de 16 m et 27 ha d'installations terrestres dont des entrepôts. Il est aussi question de lui adjoindre une zone économique qui pourrait être financée par des bailleurs internationaux.   

Le projet a été en réalité dévoilé il y a une petite décennie et le gouvernement souhaitait à l'origine que l'exploitation commence en 2016. Les travaux ont été retardés à plusieurs reprises, notamment pour des questions de financement. Le tour de table n’a été ficelé que récemment. 280 M$, dont 150 M$ pour Bolloré et 130 M$ par l’État timorais, doivent être investis dans la phase 1 du projet. 

Une fois livrée en septembre 2021, la première tranche du port, situé à 10 km de la capitale de Dili sur la côte nord du pays, aura une capacité de 350 000 EVP par an avant d’atteindre à terme entre 750 000 et 1 MEVP selon les sources, qu’elle soit publique ou privée. Le conteneur ne sera pas la seule activité portuaire. Des installations sont prévues pour traiter le vrac sec, les marchandises diverses et le ro-ro.  

Congestion chronique

Actuellement, la principale infrastructure du pays est contrainte par un tirant d'eau de 7 m et ne peut accueillir que des navires de 500 EVP. Elle est surtout entravée par des problèmes de congestion conséquents si bien qu’il faut parfois dix jours pour traiter un navire, ce qui leste le coût du transport avec les surestaries. 

Le transbordement pourrait constituer une partie de son activité en raison de sa position entre la Chine et l'Australie du Nord. Pour autant, son dimensionnement ne manque pas d’étonner. Pas les autorités du Timor-Oriental, qui entendent faire de ce « grand port moderne » un outil de diversification de son économie qui serait, selon la Banque mondiale, bien trop dépendante du pétrole et du gaz. À vrai dire, la deuxième plus tributaire des rentes fossiles au niveau mondial. 

Adeline Descamps

 

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