Anvers était le seul des grands ports du range nord-européen à ne pas avoir connu de baisse de son trafic conteneurisé sur l’ensemble de l’année 2020, le port belge progressant de 1,4 % et dépassant les 12 MEVP. Au premier trimestre 2021, il accélère la cadence, traitant 3,1 MEVP, soit 2,3 % de plus qu’au premier trimestre 2020. Pourtant, note l’autorité portuaire, « un certain nombre de paramètres opérationnels ont entravé l'exploitation des terminaux à conteneurs. Ainsi, la crise sanitaire a entraîné des retards importants dans l'arrivée des porte-conteneurs. Les fortes intempéries hivernales de février ont eu un impact négatif supplémentaire sur la manutention des conteneurs et les conséquences se sont encore fait sentir en mars. »
Les marchandises diverses n’avaient pas connu un tel niveau d’activité depuis le printemps 2019. Avec 1,98 Mt, ils sont en progression de 23 %. Les manutentions de fer et d’acier ont progressé de 18 %, par anticipation des nouveaux quotas d’importation. Une référence aux quotas d’importation instaurés par la Communauté européenne en 2018 qui expirent en juillet 2021. Mais Bruxelles doit se prononcer sur leur prolongation. Face aux pénuries, les utilisateurs d’acier réclament leur abandon.
Le secteur roulier (1,24 Mt) est également à la hausse de 3 % par rapport au premier trimestre 2020, sans toutefois égaler la performance observée en fin d’année dernière à Anvers.
Les vracs secs en hausse de 7 %
Les vracs secs (3,4 Mt) voient leur tonnage évoluer de 7 % avec une augmentation de la ferraille et des minerais non ferreux, mais surtout un record pour les trafics d’engrais, dont le tonnage est sous hélium avec + 41 % par rapport au premier trimestre 2020. Les vracs liquides, en revanche, se replient de 5 %. Or cette catégorie, qui concerne 16,4 Mt, est la plus importante pour le port scaldien derrière les conteneurs (qui totalisent 36,1 Mt). Moins que les produits pétroliers raffinés, dont le volume ne diminue que de 1 %, ce sont les importations de pétrole brut qui expliquent cette perte de trafic. Le tonnage des produits chimiques est en hausse de 4 %.
Au final, l’activité du port atteint un total de 59,1 Mt au premier trimestre, ce qui correspond exactement au même niveau que le tonnage du premier trimestre 2020. Pour les semaines à venir, Anvers s’attend à ce que l'incident du canal de Suez exacerbe les retards dans les escales de porte-conteneurs provoqués par la désorganisation de la chaîne d’approvisionnement mondial. Selon l’autorité portuaire, les goulets d’étranglement pourraient durer voire se prolonger tout au long du deuxième trimestre.
Craignant la saturation, la direction travaille actuellement de concert avec les acteurs de la chaîne logistique, armements maritimes et exploitants de terminaux en premier lieu, « pour prévoir de l’espace de stockage pour les conteneurs ». Ainsi, certains terminaux ont déjà décidé que les conteneurs destinés à l’exportation ne pourront entrer dans le terminal que quelques jours avant leur chargement. Elle cherche aussi à exploiter de manière optimale la capacité de stockage pour les boîtes destinées à l’hinterland en priviliégiant par exemple le transport fluvial et les chemins de fer. Ou du moins « comment y avoir davantage recours ».
Étienne Berrier