Abidjan attend l'effet coronavirus dans la sérénité d'une belle croissance

 

Avec un trafic en hausse de 6 % sur les trois premiers mois de l'année, le port ivoirien est dopé par les investissements colossaux réalisés ou en cours. Cela lui a permis de résister à la crise du coronavirus. Ses trafics ont poursuivi leur progression sur le premier trimestre. Les autorités portuaires s'attendent cependant à un recul fort, notamment en mai pour la partie conteneurs.

Le Port autonome d'Abidjan (PAA) a mis en route de grands projets, dans le but de conserver sa place de leader des ports d'Afrique de l'Ouest. Il dispose depuis l'an dernier d'un accès par le canal de Vridi à la fois plus ample – la passe d'entrée a été élargie de 200 à 350 m – et plus profond, à 22 m désormais contre 14 m auparavant. Ce qui lui permet d'accueillir des navires de 250 m de long et même, à terme, de 348 m, d'un tirant d'eau de 16 m et d'une capacité de 10 000 EVP, contre 3 500 auparavant.

Le PAA compte évidemment sur la mise en service de son deuxième terminal conteneurs, le TC2. Il offrira 1 200 m de quai avec une souille de 18 m, ce qui en fera le port le plus profond d'Afrique de l'Ouest. pour doper son trafic conteneur et augmenter les transbordements. L'actuel terminal, le TC1, est saturé, limité à des navires de 11,5 m de tirant d'eau et à un trafic annuel de 1 MEVP par an. Le TC2 permettra de faire grimper cette capacité à 2,5 MEVP par an et de mieux répondre aux besoins des exportateurs, notamment en matière de cacao et de noix de cajou, deux produits sur lesquels la Côte d'Ivoire est le leader mondial.

1,5 Md€ investis

Enfin, Abidjan a aussi refait son terminal céréalier pour un coût de 84 M€ financés par l'Agence japonaise de coopération internationale. Sa souille a été approfondie à 13 m et un terre-plein attenant de 10 ha sera dédié au stockage.

La longue crise politique et militaire qu'avait connue la Côté d'Ivoire dans les années 2000 avait mis en suspens tous les projets. Avec le calme revenu, le port accélère afin de rattraper le retard pris pendant les années tumultueuses sur ses voisins et concurrents, Lomé au Togo, Tema au Ghana ou encore Kribi au Cameroun qui, eux, ont poursuivi leurs investissements dans les équipements portuaires. Le but du port ivoirien est de maintenir sa place au carrefour des routes vers l'Afrique et entre Maghreb et Afrique du sud.

Au total, ce sont 1,5 Md€ que l'État et ses partenaires chinois auront apporté dans les chantiers du port d'Abidjan, 1,2 Md€ pour des aménagements sur la zone portuaire elle-même, 300 M€ pour les accès au port et l'amélioration des trafics routiers. Les chantiers sont menés par China Harbor Engineering Company (CHEC), qui a déjà réalité le port de Kribi. À ces investissements publics s'ajoutent ceux du groupe Bolloré et d'APM Terminals sur le terminal conteneurs TC2 pour des portiques et des grues et un total de plus de 300 M€.

Croissance du conteneur de 6 % au premier trimestre

Sur les premiers mois de cette année, Abidjan a continué sur sa lancée de 2019. La croissance du secteur conteneur avait été de 8,3 % l'an dernier, elle a été de 6 % au premier trimestre avec 174 425 conteneurs. L'activité s'est poursuivie sans encombres, à l'importation pour subvenir aux besoins du marché intérieur en produits de première nécessité et en produits pharmaceutiques et sanitaires.

Le port joue un rôle crucial dans l'économie du pays puisqu'il voit transiter 90 % des échanges avec l'extérieur. Il est aussi le point d'entrée de plusieurs pays enclavés de l'Afrique de l'Ouest, Mali, Niger, Burkina Faso. S'il a beaucoup misé sur le trafic conteneurs, Abidjan dispose aussi de terminaux pour le ro-ro, les minerais, les céréales et les fruits.

La noix de cajou, à la peine

Seule ombre au tableau, les exportations ont donné leurs premiers signes de faiblesse avec une baisse des chargements de noix de cajou de 36,5 % le mois dernier liée à la fermeture des frontières étrangères et aux mesures de confinement, notamment celles de leurs principaux clients, comme l'Inde.

Le port prévoit un recul global de son activité de 15 % sur les mois d'avril et mai pour la partie conteneurs. En plus de la noix de cajou devraient aussi être impactés les autres productions agricoles (cacao, banane, coton, mangue, hévéa, papaye, coprah...). Les trafics avaient enregistré l'an dernier un record avec 25 Mt. Mais le coronavirus devrait empêcher le port ivoirien d’atteindre un nouveau sommet.

Myriam Guillemaud Silenko

Une forme de concorde portuaire sur la rangée Dakar-Pointe-Noire

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