Quelque 1 600 policiers et gendarmes se sont déployés durant le week-end à Mayotte, où le cyclone Chido, le plus intense à frapper le territoire ultra-marin depuis plus de 90 ans avec des rafales de vent observées à plus de 220 km/h, a semé la dévastation dès le samedi 14 décembre. Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a demandé au préfet de Mayotte une « mobilisation maximale » des forces de l'ordre pour porter secours à la population et prévenir en vain des situations de pillage, motivées par la faim pour une grande part.
Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général d'armée Pierre Schill, a fait état de son côté, via le réseau social X, de la présence sur place de plus de 70 sapeurs-sauveteurs. Bruno Retailleau a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers.
Un avion gros porteur A-400M de l'armée devait décoller samedi vers 20 heures de Paris, « avec du matériel de première nécessité, de quoi faire de la génération électrique ou déblayer les accès et les routes », a expliqué à l'AFP le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l'état-major des armées.
Un aéroport impraticable
La tour de contrôle ayant été lourdement endommagée, l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi, en Petite-Terre, est fermé aux vols commerciaux et ne rouvrira pas avant dix jours, ont indiqué les autorités, alors que les avions de lignes permettent d'embarquer plus de fret qu'un appareil militaire. L'archipel voisin des Comores, qui dispose d'un aéroport, ne semble pas non plus en mesure de pouvoir opérer pour les mêmes raisons qu'à Mayotte. Un avions militaire a pu atterrir dimanche. Mais l'essentiel s'opérera depuis La Réunion, où un pont aérien et maritime a été organisé bien que les deux territoires français se trouvent à plus de 1 400 km l'un de l'autre.
Navigation dangereuse
En fin d'après-midi du samedi 14 décembre, l'armée française faisait encore état d'une mer déchaînée, avec des creux de 7 m, rendant la navigation problématique. Il fallait que le creux soit ramené à 2 ou 3 m pour que la frégate Floréal puisse s’approcher des côtes, un hélicoptère à son bord, a précisé le porte-parole de l'état-major. Ils seront rejoints par le bâtiment de soutien et d'assistance outre-mer (BSAOM) Champlain, en provenance de La Réunion.
Les autorités craignent un bilan humain très lourd dans ce département le plus pauvre de France. De l'ordre « de milliers de morts », a estimé le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville sur la chaîne publique Mayotte la 1ère. Mais il sera « très difficile d'avoir un bilan final » étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans le petit archipel de l'océan Indien, veut que les défunts soient enterrés dans les 24 heures, a précisé le représentant de l'État. En outre, la population clandestine de Mayotte dépasse les 100 000 des 320 000 habitants, selon le ministère de l'Intérieur, ce qui rend improbable un décompte des morts exhaustif.
L'alerte cyclonique a été abaissée de rouge à orange dimanche en fin d'après-midi à Mayotte. Des dégâts mineurs ont été signalés dans les îles des Comores voisines de Mayotte.
La rédaction (avec des citations de l'AFP)