GNL : les grèves dans les terminaux méthaniers à l'origine d'une sur-offre

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En contraignant les fournisseurs de GNL destiné au marché français à trouver d'autres clients, les mouvements sociaux observés dans les quatre terminaux méthaniers de l’Hexagone ont créé un excédent d'offre.

La grève observée dans les quatre terminaux méthaniers de l’Hexagone – les terminaux de Fos (Tonkin Cavaou), celui de Montoir-de-Bretagne (Nantes), tous trois exploités par Elengy, filiale de GRTGaz, et Dunkerque LNG (Fluxys) –, a provoqué des effets complètement inattendus dans un contexte où la panique de la pénurie de gaz avait réduit la surabondance au rayon des incantations de prétoire. Mais un surplus se serait inévitablement créé, à en croire les négociants interrogés par Platts.

Au 24 mars, jusqu'à 17 cargaisons de GNL auraient été ainsi détournées de la France, la plupart d'entre elles vers l'Espagne et le Royaume-Uni. D'autres vers l'Allemagne et la Turquie.

Les observateurs du marché excluent tout déplacement des flux vers l'Est. « Il serait très difficile de se détourner vers l'Asie dans un délai aussi court, car l'impact sur le transport maritime serait énorme » a souligné un négociant en GNL basé en Europe à Platts.

L'impact sur l'offre de GNL dépendrait donc de la durée des actions syndicales en France. Une fermeture prolongée ou répétée pourrait creuser les écarts.

Niveaux de stocks au-delà des attentes

Quoi qu’il en soit, l'Europe aborde le deuxième trimestre – et la saison de remplissage des cuves pour la saison estivale –, en bien meilleure forme que beaucoup ne l'avaient prévu, avec des niveaux de stocks très corrects et des livraisons de GNL relativement importantes.

La douceur de l'hiver – incroyablement opportune compte tenu de la perte d'importants volumes de gaz russe par gazoduc –, a permis de contenir la demande.

Et les prix sont bien inférieurs aux niveaux records du mois d'août, la demande étant susceptible d'être relativement faible cet été, compte tenu du niveau élevé des stocks, alors que l'Europe sort de l'hiver.

De 320 € à 43,28 €/MWh

S&P Global Commodity Insights évaluait le prix de référence du gaz, le TTF néerlandais, à 43,28 €/MWh le 30 mars, loin du niveau record de près de 320 €/MWh atteint à la fin du mois d'août.

Le deuxième trimestre dépendra en grande partie du taux de remplissage des stocks de l'UE, qui étaient encore remplis à 56 % de leur capacité au 28 mars. Pour mémoire, les États membres de l'UE sont tenus d'observer un taux de remplissage de 90 % d'ici le 1er novembre.

Une demande estimée à 799 millions de m3/j au deuxième trimestre

Selon les prévisions de S&P Global, les sites européens devraient être remplis à 67 % d'ici la fin du mois de juin.

Le niveau de la demande dans le secteur industriel, particulièrement sensible aux prix, est considéré comme une zone de fluctuation majeure de la consommation. Le niveau d'approvisionnement en GNL de l'Europe au cours de l'été sera un autre déterminant. Toute augmentation des achats de GNL au comptant en Chine pourrait en outre détourner des volumes des marchés européens, font valoir les négociants dans leurs notes.

S&P Global prévoit pour sa part que la demande totale de gaz de l'UE 27+ Royaume Uni sera en moyenne de 799 millions de m3/j au deuxième trimestre, soit une baisse de 6 % par rapport aux 848 millions de m3/j du deuxième trimestre 2022.

Autre inconnue

Les importations européennes de GNL – tout en restant historiquement élevées –, au deuxième trimestre devraient être inférieures à celles de l'année précédente en raison d'une situation de stockage plus confortable et d'une demande plus faible.

Autre inconnue. En décembre, les ministres de l'énergie de l'UE ont adopté la proposition de la Commission visant à renforcer la solidarité grâce à une meilleure coordination des achats de gaz, à des échanges transfrontaliers de gaz et à des prix de référence fiables. Ce règlement établit la base juridique permettant d'agréger la demande de gaz de l'UE, d'effectuer des achats communs et d'utiliser plus efficacement les infrastructures, y compris les terminaux GNL de l'UE.

L'Union européenne est parvenue à diversifier en 2022 ses approvisionnements en gaz et pétrole russes. Mais 2023 sera plus difficile et Bruxelles veut y pallier avec l'achat commun.

La plateforme d'agrégation de la demande de gaz et d'achat groupé, baptisée AggregateEU, devrait être opérationnelle à la mi-avril. Le premier appel d'offres d'achat groupé devrait ainsi être lancé en mai.

Les États membres de l'UE sont tenus, dans ce cadre, d'agréger un minimum de 15 % de l'objectif de stockage de 90 % imposé par l'UE pour 2023, avec au moins 24 milliards de m3 de la demande de gaz soumis à AggregateEU. Ce ne sera pas sans impact sur le transport maritime, le gaz ayant pris le large pour pallier en partie la suspension des livraisons par gazoducs.

Adeline Descamps

 

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