En matière d’assurance, les exigences de ces navires, qui présentent des coûts d’exploitation plus élevés et une maintenance plus complexe, ont tendance à être plus strictes.
Plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Les marchandises transportées par les multipurpose ont parfois des temps de construction longs. Ainsi, un générateur électrique peut nécessiter jusqu’à deux ans avant de le charger pour sa destination finale. Or, si le transport endommage la machine au point de le rendre inopérant, il peut porter atteinte à l’ensemble d’un projet en retardant par exemple la mise en service d’une usine. Dans ces conditions, les navires plus récents présentent moins d’aléas et sécurisent davantage les assureurs.
Si peu d’informations ne filtrent et qu’aucune disposition réglementaire ne l’impose, les experts maritimes laissent entendre que les assureurs leur demandent de plus en plus d’engager leur responsabilité civile sur les opérations. « C’est le cas notamment dans le transport des colis liés aux énergies marines renouvelables. Nous demandons aux experts qu’ils s’engagent sur la qualité de l’arrimage. La vérification de tous les points d’arrimage est la condition sine qua non de la couverture. Cette exigence s’effectue dans le cadre des relations contractuelles », indiquait en fin d’année dernière au JMM Romain Miretti, directeur du département Cargo et Trading au sein du cabinet Eyssautier-Verlingue. Ce durcissement des conditions entraîne inévitablement un écrémage dans le secteur au bénéfice des seuls experts aguerris. Il n’existe pas de grille de tarification pour le transport de colis lourd. L’assureur évalue et négocie au cas par cas en intégrant de très nombreux paramètres, en particulier quand le transport s’effectue en lien avec un pays sous le coup de sanctions internationales. En cas de demande de dernière minute, il ouvrira le parapluie et exigera un maximum de couvertures et un prix élevé.
Le gigantisme dans l’éolien, qui nécessite des capacités de chargement XXL, devrait faire sortir les assureurs de leur discrétion pour émettre de façon moins feutrée de nouvelles conditions. Pour l’heure, dans les colloques, ce sont les accidents classiques – explosion, incendies, flotte obscure et empilement des conteneurs, etc. – qui accaparent les débats.