Les moissons cachées du commerce extérieur

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Sale temps pour la normalité. La pathologie ne respecte décidément aucun protocole.

Et il faut bien avouer que cette histoire-là, on ne l’avait pas vu venir.

Une plante cultivée depuis des millénaires en tant que sanctuaire des échanges maritimes rudoyés par une crise sanitaire? On n’aurait pas parié un grain sur le fait que l’épi de blé retrouve une certaine centralité dans l’agenda du commerce extérieur à la faveur d’un pangolin ou d’une chauve-souris.

Et ce, à l’heure où le minerai de fer, le conteneur, le pétrole, le gaz et toutes ces matières premières grandement mondialisées… s’abîmaient dans les profondeurs.

Et pourtant, le blé, production-phare de la sécurité alimentaire mondiale, n’aura jamais autant mérité son statut de produit essentiel. Vital pour la sécurité mondiale (comme l’a parfaitement illustré Sébastien Abis dans La géopolitique du blé), les moissons ont sauvé les exports français des eaux stagnantes.

Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares. Les États-Unis ont du gaz de schiste. La France a… des champs de blé.

Certes moins tapageur que le pétrole, moins flamboyant que l’or et moins sulfureux que certains métaux dits précieux, le blé est pourtant bien une matière première à part. Tous les spécialistes en conviennent. Ne serait-ce que parce que les dotations géographiques sont profondément inégales sur la planète. Bien qu’il soit désormais consommé par près de 3 milliards d’individus, peu de pays en produisent et plus rares encore sont ceux qui en exportent. 85 % de sa production mondiale sont le fait de dix puissances uniquement alors que la demande s’amplifie avec la croissance démographique. Cet oligopole mondial – au sein duquel se trouve la France, 5e pays producteur et le 3e exportateur de la planète, – détient donc un pouvoir stratégique.

La Russie ne s’y est pas trompée en se remettant à sillonner les champs de blé qui couvrent une partie de sa superficie. Cette dernière décennie, le grand retour de la mer Noire, après le long hiver de l’ère soviétique, a sans doute été l’événement majeur sur l’échiquier céréalier mondial.

En ces temps troubles, certains rêveraient de faire du blé tricolore « l’ambassadeur d’une diplomatie économique à la française, capable de conjuguer performances commerciales, coopérations techniques et responsabilités géopolitiques autour d’un produit vital. »

En attendant, le JMM vous invite à explorer les routes du blé qui sont aussi celles d’un commerce mondialisé, où le marché a sa propre grammaire et la fluidité logistique reste majuscule. Et cette histoire-là, il fallait aussi l’écrire.

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