Le Mexique est économiquement partagé en deux. Le Nord, industrialisé, dynamique, profite des échanges avec les États-Unis et le Canada, a développé ses industries et jouit d’un bon niveau de vie et d’une croissance marquée. Le Sud du pays, en revanche, malgré d’importantes richesses naturelles, minières et énergétiques, est resté à l’écart de cette croissance. Industries et technologies y sont peu présentes, les populations qui y vivent sont beaucoup plus pauvres.
C’est pour rééquilibrer l’économie nationale et estomper les inégalités sociales qui en découlent que Enrique Peña Nieto, président du Mexique jusqu’en décembre prochain, lançait il y a un an un vaste programme de développement basé sur des ZEE, Zones économiques spéciales, nouveaux pôles industriels. Elles sont sept en tout, chacune d’elle adossée un port: Puerto Chiapas dans le Chiapas, Lázaro Cárdenas-La Unión aux confins des États de Michoacán et Guerrero, Coatzacoalcos en Veracruz, Salina Cruz dans l’État d’Oaxaca, Progreso au Yucatán; Seybaplaya dans le Campeche et Dos Bocas dans le Tabasco.
39 projets d’infrastructures
Seules les trois premières ont pour l’instant démarré. La stratégie est simple: le gouvernement fédéral s’engage à aménager les infrastructures nécessaires au développement de ces zones: routes, réseaux ferrés connectés aux ports, accès portuaires, nouveaux quais… 39 projets d’infrastructures ont ainsi été identifiés pour l’ensemble des sept ZEE. Ils représentent un investissement de l’État mexicain de 1,1 Md€. L’État s’implique aussi à travers les facilités fiscales, douanières et économiques accordées aux entreprises qui s’installeront dans ces zones.
Enrique Peña Nieto a été battu aux élection présidentielles de juillet dernier. Le prochain président, déjà élu mais qui ne prendra ses fonctions qu’en décembre, Andrés Manuel López Obrador, ALMO, a assuré qu’il maintiendrait l’élan donné au sud et qu’il irait même au-delà des promesses de son prédécesseur.
Ces dernières semaines, cinq entreprises d’envergure mondiale, telles que ArcelorMittal, se sont engagées à s’installer dans ces ZEE. Une myriade de PME locales sont également sur les rangs. Les candidatures sont examinées avec soin afin de vérifier qu’elles cadrent bien avec les objectifs définis pour ces ZEE, à savoir des activités à fort potentiel de développement et générant de bons niveaux de salaires. Elles recouvrent les secteurs de la métallurgie, la pétrochimie, l’énergie, l’électronique, la pharmacie, de la cosmétologie, l’agro-alimentaire, la pâte à papier… Les entreprises retenues auront alors accès à des aides au financement de leur projet et à un accompagnement.
Plusieurs ambassadeurs, et notamment ceux de Chine, de Corée du Sud, de Taïwan, ont visité certains des sites retenus. Et envisagent d’y implanter des usines. La Chine est évidemment en tête par le montant qu’elle avance concernant ses possibles investissements.