Rassemblant une centaine d’entreprises logistiques, de services maritimes ou de transformation industrielle, l’UMPB, syndicat patronal, fait entendre sa voix dans l’actuel débat pour une possible régionalisation de la gouvernance du Grand Port maritime de Bordeaux. « Si les contours restent flous pour l’heure, nous y sommes assez favorables, compte tenu de notre frustration sur la faiblesse de l’État actionnaire et le manque de visibilité et de cohérence de ses actions », pose ainsi Julien Bas, coprésident de l’UMPB et directeur d’InVIvo. « La régionalisation pourrait répondre à une carence au niveau de la gouvernance du port – être davantage associés et reconnus –, ce qui permettrait de travailler plus finement ».
Les professionnels tiennent à rappeler le poids économique de l’écosystème portuaire local: un chiffre d’affaires cumulé de 3 Md€ par an, une filière de 7 800 emplois directs et indirects et des « investissements annuels conséquents ». « L’outil portuaire, nous y croyons, il est au service de nos business, mais nous rêvons d’une reconnaissance du poids de nos entreprises ». L’échec jusqu’à présent du projet TCSO, Terminal à Conteneurs du Sud-Ouest au Verdon – pour lequel actuellement deux candidatures sont à l’étude suite à un nouvel appel d’offres –, est à leur yeux un exemple significatif de la non-considération des contraintes entrepreneuriales. « Depuis le début, nous dénonçons la légitimité économique du TCSO au Verdon. Si les industriels n’adhérent pas au projet et ne croient pas à sa pertinence économique, pourquoi l’imposer? »
La rivière, « outil économique »
Leur implication auprès des pouvoirs publics pour préserver ou fluidifier les accès routiers aux entreprises et terminaux portuaires ne porte pas, selon eux, suffisamment ses fruits. « Cela fait six ans, par exemple, que nous multiplions les démarches auprès des élus et notamment de la métropole, pour la création d’une voie d’échappement pour les camions au niveau du rond-point d’accès au terminal de Bassens, embouteillé quotidiennement et ce, sans aucun retour », illustre Julien Bas.
De fait, si la mise à 2X3 voies de la rocade bordelaise est saluée positivement, la congestion des accès routiers dans la métropole inquiète. « Les embouteillages sont devenus un handicap. Certains chargeurs décident de ne plus venir sur Bassens à cause de ces contraintes et on le ressent dans les chiffres. Même s’il faut améliorer le ferroviaire, on ne peut pas faire l’impasse sur la fluidité routière », estime Patrick Brzokewick, coprésident également de l’UMPB et PDG de DPA (Docks des pétroles d’Ambès) depuis septembre dernier.
Autre combat
L’opération de dragage Gironde XL a, pour eux, permis un élargissement notable et bienvenu de la plage d’accès des navires aux terminaux, avec désormais un tirant d’eau constant tout au long de l’année à 10,50 m. Cependant, l’UMPB, qui siège à diverses instances d’aménagement du territoire (SDAGE, Parc marin…), ne cache pas que « défendre la rivière comme outil économique est une bagarre de tous les jours, notamment face à la monté de la complexité des procédures ». Et quant au dragage, dans le cadre d’une éventuelle régionalisation, l’inquiétude n’est pas de mise. « Nous dissocions l’obligation de l’État de draguer et la gouvernance d’un port. L’obligation sera la même », estime Julien Bas. Enfin, la question de domanialité, sur fond de fin d’AOT, reste, selon eux, « un sujet en débat permanent qui met en cause, par la lourdeur des procédures, notamment à Bordeaux, la pertinence des investissements et constitue un frein au développement des entreprises ».
Maud Guillerme succède à Henri-Vincent Amouroux
Figure connue et appréciée de la communauté portuaire depuis 26 ans, Henri-Vincent Amouroux quitte ses fonctions de directeur de l’Union maritime et portuaire, qu’il occupait depuis 1991, pour prendre sa retraite. Spécialiste du droit, il a œuvré au fil de ces décennies dans diverses instances comme porte-parole des entreprises portuaires régionales sur tous les plans (développement économique, environnement, aménagement routier et ferroviaire) avec notamment une implication forte dans la dématérialisation des procédures d’escale et le lancement de l’actuel Vigie (ex-Poséidon+). Depuis avril, lui a succédé une nouvelle secrétaire générale, Maud Guillerme, 46 ans, cumulant 10 ans d’expérience dans la grande distribution et l’industrie automobile et autan dans développement de sites logistiques, portuaires ou de services maritimes dans divers pays (Norvège, Mexique, Inde…), notamment pour la société Wallenius Wilhelmsen Logistics. De retour en France, après un passage dans l’Économie sociale et solidaire (ESS), elle reprend sa caquette de « développeur », séduite « par le dynamisme d’une communauté industrielle bordelaise qui investit, bien intégrée dans le tissu économique local et productrice d’un bassin d’emploi important. Au vu du contexte international, ce n’est pas rien », confie-t-elle.