Suape est un port abrité aux eaux calmes, d’une profondeur supérieure à 15,5 m, ce qui permet d’envisager un fonctionnement ininterrompu, indépendamment des conditions climatiques et des marées. De son côté, Pecém atteint une profondeur naturelle de 18 m au point le plus éloigné du continent, propice à l’accueil de navires tels que les post-Panamax.
Autre point fort des deux ports, leur localisation. D’autant plus appréciable au lendemain de l’ouverture de la nouvelle voie du canal de Panama. Le président de Cearáportos, Danilo Serpa, en charge de l’administration du port de Pecém, rappelle que ce dernier, situé à une cinquantaine de kilomètres de Fortaleza, se trouve à « huit jours de voyage des États-Unis, sept de l’Europe et quarante-cinq de la Chine ». Implanté au centre géographique du Nordeste, Suape est relié par les routes BR-101 et BR-232, et à l’avenir par la ligne de chemin de fer Transnordestina prévue par le Programme d’accélération de la croissance, un vaste plan d’investissements destiné à moderniser le Brésil, notamment sur le plan logistique. Grâce à cette voie ferrée, les céréales et les minerais pourraient être acheminés depuis l’État du Piauí jusqu’à Suape. Mais aucune date n’est encore avancée pour la conclusion de ce chantier dont bénéficiera également Pecém.
Dans cette compétition, Suape semble pour l’instant avoir le dessus: c’est le port de la région qui concentre le trafic le plus important de conteneurs. Selon les données de l’Agence nationale de transports par voie d’eau (Antaq), Suape assurerait 5 % du trafic conteneurisé national. Le port du Pernambouc serait aussi en tête du podium régional en termes de cabotage, puisqu’il a affiché quelque 13,3 Mt de marchandises brutes en 2015 sur ce créneau. La même année, le port a enregistré 19,72 Mt de marchandises, soit une augmentation de 29,5 % par rapport à l’année précédente. Cette hausse a d’ailleurs représenté la plus forte croissance parmi les principaux ports publics du Brésil.
De gros investissements
Les deux ports misent également sur de gros investissements. Le plan d’expansion de Suape prévoit l’installation d’un second terminal à conteneurs dans le cadre du Programme d’investissements logistiques (PIL). L’appel d’offres pourrait avoir lieu au second semestre 2016. L’investissement, estimé à 1,2 milliard de réals (soit 331 M€), vise un trafic de 356 000 EVP dès la première année de fonctionnement, pour arriver à terme à 910 000 EVP. Le PIL prévoit aussi la création d’un terminal de blé d’une capacité de 5,2 Mt annuelles, et un nouveau terminal de vracs solides pouvant atteindre les 17 Mt par an. Les délais de ces deux projets restent flous pour l’instant. Par ailleurs, un nouveau terminal de sucre, d’une capacité de 740 000 t annuelles, est en cours de construction à Suape. Ce chantier, dont l’enveloppe s’élève à 130 millions de réals (près de 36 M€), est signé Odebrecht TransPort et Agrovia, et devrait être conclu d’ici à la fin de l’année.
De son côté, le port de Pecém destine 650 millions de réals (179 M€) à son plan d’investissements. L’objectif? Atteindre un trafic annuel de 750 000 EVP grâce à la mise en service, dès 2017, d’un nouveau quai avec trois bassins d’accostage pour les cargos et porte-conteneurs. Un nouveau pont d’accès aux quais est également en cours de construction, ce qui devrait assurer une meilleure circulation des camions jusqu’aux bassins. Pour rappel, Pecém, terminal offshore inauguré en 2002, est composé actuellement de deux quais maritimes, l’un destiné aux marchandises générales, l’autre aux vracs liquides.
Des performances encore insuffisantes
Ces investissements devraient doper les résultats de Pecém et Suape. Mais pour l’instant, estime Fernando Serra, en charge des statistiques et des études de développement de l’Antaq, « aucun des deux [ports] ne présente la performance escomptée pour un hub portuaire ». Selon ce dernier, Pecém fonctionne en effet avec des systèmes peu automatisés. De plus, les deux ports doivent encore renforcer leur position sur la carte des lignes internationales de navigation.
