L’axe rhénan demeure la voie de navigation intérieure la plus importante d’Europe

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Le 1er juillet, la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) a publié son rapport annuel portant sur « L’observation du marché de la navigation intérieure européenne ». Pour la première fois, ce document a été réalisé en coopération avec la Commission européenne et a élargi son champ d’analyse au-delà du Rhin. Ce document porte sur les corridors européens Rhin-Alpes, Rhin-Danube, mer du Nord-mer Méditerranée, mer du Nord-mer Baltique. Ces quatre corridors comprennent des voies d’eau européennes majeures: le Rhin, la Moselle, l’axe Nord-Sud reliant les Pays-Bas au nord de la France en passant par la Belgique, l’axe Est-Ouest reliant la Pologne, l’Allemagne du Nord et les Pays-Bas, ainsi que le Danube. Selon ce document, sur l’ensemble de ces voies de navigation intérieure, environ 500 Mt de marchandises ont été transportées en 2015. Le Rhin, avec 330 Mt, représente les deux tiers de l’activité de la navigation européenne. Au cours des dernières années, la quantité de marchandises transportées sur les voies d’eau européennes apparaît relativement stable, mais une évolution structurelle est en cours, précise le rapport. Lors des deux dernières décennies, les marchandises, qui représentaient une grande partie du transport sur les voies de navigation intérieure européennes, à savoir les minerais, les produits pétroliers et les matériaux de construction, ont diminué de 35 %. Les minerais et matériaux de construction sont des produits transportés en vrac dont le rapport entre le poids et la valeur est peu élevé. Parallèlement, au cours de la même période, un essor de 95 % a été constaté pour d’autres catégories de marchandises, notamment les conteneurs, les produits chimiques et le charbon. Les conteneurs et les produits chimiques constituent des produits à forte valeur ajoutée. Le rapport de la CCNR rappelle que « le transport par bateau de navigation intérieure est fortement dépendant de facteurs exogènes ». Il s’agit notamment des conditions environnementales naturelles, comme les variations d’hydraulicité avec des périodes de hautes et basses eaux et leurs conséquences sur les conditions de navigation pour les bateaux, ou des choix de politiques énergétiques de certains États comme l’Allemagne. Il relève aussi que « le transport par bateau de navigation intérieure est lié aux autres modes de transport et constitue ainsi dans les corridors de transport européens une offre logistique complémentaire ».

Des parts modales variables

Le rapport de la CCNR comprend un chapitre sur la situation de la répartition modale au sein des quatre corridors, c’est-à-dire la place du transport fluvial au sein de ces voies de transport européen. « La part de la navigation intérieure est variable et peut aller de 15 % en Europe centrale, soit l’axe Rhin-Danube, jusqu’à 50 % sur l’axe rhénan ». La Belgique et les Pays-Bas, les deux pays européens équipés d’un réseau très dense de voies navigables, montrent une croissance de la part de marché de la voie d’eau. Le transport par voie d’eau atteint ainsi dans le corridor Rhin-Alpes, entre les Pays-Bas et la Belgique, une part de marché comprise entre 30 % et 50 %. Cette situation concerne les transports transfrontaliers entre les Pays-Bas et la Belgique ainsi qu’entre les Pays-Bas et l’Allemagne, la distribution dans l’arrière-pays des Grands ports maritimes de Rotterdam, Anvers et Gand, les secteurs industriels utilisant beaucoup de matières premières. Dans ces deux pays, non seulement la tendance concernant la part modale est positive, mais surtout continue à progresser pour le transport dans l’arrière-pays des ports maritimes ainsi que pour certains secteurs de l’industrie. Pour l’Allemagne et la France, « le bilan est moins favorable ». La part modale de la voie d’eau est de 13 % en Allemagne et de 4 % en France. Selon le rapport, « ce constat s’explique partiellement par une présence restreinte de voies navigables sur le territoire de ces deux pays. Une autre raison porte sur une moindre intégration de la voie d’eau dans les chaînes logistiques ». En Europe centrale, la part de marché de la voie d’eau oscille entre 10 % et 15 %. Tel est le cas pour les corridors de transport traversant l’Europe centrale tels que les corridors Rhin-Danube et Est-Ouest. Tel est le cas aussi pour des pays entiers situés en Europe centrale. Le corridor Rhin-Danube permet de relier l’Europe centrale à sa partie orientale, jusqu’en Roumanie et en Bulgarie. La part de marché de la voie d’eau y varie entre 15 % et 20 %. Toutefois, la voie d’eau a connu une baisse au cours des dernières années dans ce corridor, due à un ralentissement des secteurs industriels qui utilisent ce mode de transport et à un contexte globalement défavorable en lien notamment avec les infrastructures du Danube qui restent à améliorer.

Une majorité d’emplois aux Pays-Bas

Un autre chapitre du rapport de la CCNR est consacré au « marché du travail » de la navigation intérieure européenne. En Europe, environ 45 000 personnes – salariés, entrepreneurs individuels, membres de la famille participant à l’exploitation – sont actives dans le secteur économique de la navigation intérieure. Les deux tiers d’entre eux, soit 35 000, travaillent en Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas ou Suisse, soit les pays du bassin du Rhin. Cette part est identique à celle du volume de marchandises transportées sur ce fleuve par rapport au total des volumes transportés sur les voies d’eau intérieures européennes. Le rapport note que « plus d’une personne sur cinq intervenant dans la navigation intérieure européenne est en activité aux Pays-Bas ». Ce pays compte 3 255 entreprises dans la navigation à marchandises et 825 entreprises dans la navigation à passagers, soit un total de 4 080 entreprises et 10 000 personnes y travaillant. L’Allemagne compte 620 entreprises dans la navigation à marchandises où travaillent 3 260 personnes, 318 entreprises dans la navigation à passagers où travaillent 3 618 personnes, soit un total de 923 entreprises pour 6 878 personnes en activité. La France compte 818 entreprises dans la navigation à marchandises où travaillent 1 264 personnes, 263 entreprises dans la navigation à passagers où travaillent 2 094 personnes, soit un total de 1 081 entreprises pour 3 358 personnes en activité. L’Allemagne et la France partagent un point commun: « Le nombre d’emplois est supérieur en navigation à passagers par rapport à la navigation à marchandises. » C’est l’inverse aux Pays-Bas. Pour la Belgique, en l’absence de statistiques globales, le rapport de la CCNR indique 1 376 bateliers indépendants, un nombre en repli de plus de 300 par rapport à 2009, et 706 employés. Le total des personnes en activité dans le secteur économique de la navigation intérieure en Belgique est de 2 082. « L’évolution de l’emploi est divergente dans les différents pays d’Europe occidentale, poursuit le rapport. Aux Pays-Bas, l’emploi connaît une légère hausse. La tendance est légèrement positive aussi en France. En revanche, la tendance est à la baisse en Belgique et en Allemagne ». La CCNR rappelle la place très importante des entrepreneurs individuels ou « indépendants » parmi l’ensemble des personnes en activité dans la navigation intérieure dans les quatre pays. « Aux Pays-Bas, environ 80 % de toutes les entreprises actives dans le secteur de la navigation intérieure sont des entrepreneurs indépendants (personnes physiques). En France, ce sont 96 %, selon la définition de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ou 84 % selon la définition de la Chambre nationale de la batellerie artisanale (CNBA). » Toutefois, depuis plusieurs années, « aux Pays-Bas, en France, en Belgique et en Allemagne, une tendance à la contraction du nombre des indépendants est amorcée ». Pour la CCNR, « cela est dû aux difficultés auxquelles les entrepreneurs individuels sont confrontés de manière générale », comme la faiblesse du chiffre d’affaires dans un contexte économique difficile et la complexité de la transmission de l’activité. « Il s’agit d’un point commun que la navigation intérieure partage avec d’autres secteurs de l’économie, par exemple le commerce de détail et l’agriculture ». Parallèlement à ces changements concernant les indépendants, « une autre tendance est apparue: l’évolution structurelle vers des entreprises ayant davantage de salariés ». Actuellement, en Europe occidentale, de 85 % à 97 % des personnes en activité en navigation intérieure travaillent dans des entreprises qui comptent moins de dix salariés. Mais la part des personnes qui travaillent dans des entreprises ayant plus de 10 salariés augmente. Le rapport indique: « Il en va ainsi en Allemagne où, en 2012, il y avait 317 entreprises ayant un ou deux salariés. En 2014, ce nombre est tombé à 267, soit un repli de 16 %. Parallèlement, le nombre des entreprises ayant de 20 à 49 salariés a légèrement augmenté au cours de la même période. » Une évolution similaire existe aux Pays-Bas.

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