Certains élus à la Ville de Marseille n’avaient pas caché pas leurs intentions de vouloir affréter en 2014 un navire SNCM, alors en dépôt de bilan, pour le transformer en casino flottant et le positionner près du MuCem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).
Finalement, si la galéjade n’a duré que quelques mois, agaçant à la fois les salariés de la SNCM et la direction du Grand port maritime de Marseille, elle pourrait partiellement se concrétiser avec la proposition de loi d’Arnaud Leroy sur la croissance bleue. Le texte, présenté début avril à la commission mixte paritaire par le député PS, prévoit dans son article 12 l’élargissement des jeux de hasard à bord de l’ensemble des navires à passagers français afin de « renforcer l’attractivité du pavillon français ». Les compagnies de croisières battant pavillon tricolore (Ponant, Club Med, CroisiEurope) sont en effet interdites de roulettes, machines à sous et autres jeux de hasard les privant de fait de certains marchés.
Une manne qui en réjouirait plus d’un
Faut-il rappeler que ces jeux constituent le plus gros poste de revenu à bord des navires de croisière? Cette requête des opérateurs de croisières tricolores avait été intégrée alors dans la mission Maillot de 2015. Cet article 12 pourrait également concerner les navires à passagers effectuant des lignes régulières.
Sur la desserte maritime de la Corse, cette manne financière en réjouirait plus d’un. Selon nos sources, Corsica Linea, née des cendres de la SNCM, réfléchirait sérieusement à introduire cette nouvelle activité qui permettrait de compenser la diminution voire la perte des 45 M€ de compensation financière annuelle.
De son côté, Corsica Ferries ne semble pas pour l’instant intégrer cette activité dans son business plan. « La loi ne concerne que les navires français, mais on ne peut interdire à un Européen ce qui est autorisé à un Français », indique Pierre Mattei, président du directoire de Lota Maritime.
Craps, roulette, caribbean stud, poker, machines à sous… ces activités sont soumises à des contrôles rigoureux sur les navires de croisières battant pavillon étranger, des personnels sont recrutés spécialement respectant des critères très précis. Les grosses sommes font l’objet d’une ouverture de ligne de crédit à bord déclarée aux services fédéraux aux États-Unis. À terre, les casinos font l’objet de contrôles rigoureux afin d’éviter le blanchiment de l’argent sale. Comment dupliquer de tels contrôles sur les ferries? Sur la desserte maritime de la Corse, difficile d’imaginer une telle activité sans dérives…