Le trafic conventionnel s’apprête à vivre de belles années dans l’estuaire de la Loire. « 290 000 t, + 19 % l’an dernier. Croître autant cette année n’est pas sûr, mais progresser, oui », assure Jean-Baptiste Gouïn, responsable clientèle au port. L’annonce de MSC début avril donne le ton. Quatre paquebots commandés portent à dix ans la perspective de travail aux chantiers STX de Saint-Nazaire, avec son lot de livraisons par la mer (et par train) de tôles d’acier, moteurs et autres cheminées ou ascenseurs.
STX n’est pas le seul à voir l’avenir en rose. Chaque A350 commandé à Airbus voit arriver à l’usine de Saint-Nazaire, par la ligne autour du monde de Rickmers, la partie basse de son fuselage, fabriquée aux États-Unis, en Caroline du Nord. C’est sa seule escale en France. Une autre partie provient de l’usine Airbus à Nantes. Ce trafic est l’un des fonds de cale de la nouvelle barge de CFT sur la Loire.
Les usines Tata (ex-Arcelor) font débarquer de plus en plus de coils pour l’usine Peugeot de Rennes.
L’éolien terrestre a donné lieu à 32 escales l’an dernier, et l’éolien marin, prometteur avec les deux usines locales de General Electric (GE ex-Alstom), vient de commencer ses livraisons. Une première nacelle est partie pour le Danemark à la mi-mars, 5 partent pour les États-Unis début juin, 66 suivent d’ici trois ans pour l’Allemagne et 240 viendront équiper les champs français. Si GE exporte vers le Moyen-Orient et l’Asie, cela renforcera le trafic sur la ligne Rickmers, enjeu local du trafic conventionnel. « Le potentiel de ce que nous pouvons capter, parmi ce qui part directement par la route pour Anvers depuis le quart nord-ouest de la France, est énorme », explique Johann Feltgen, directeur de l’agence de Montoir de Sogebras. Il y a des signes encourageants, comme les premières utilisations de la ligne par MAN à Saint-Nazaire pour ses moteurs de groupe électrogène. « Des verrous, je l’espère, vont progressivement sauter, ajoute-il, du côté des droits de port, des taux de fret et de l’augmentation du nombre d’escales ». Le port l’assure: sur certains trafics, passer par Montoir plutôt que par la route pour rallier Anvers coûte déjà moins cher.