Encore totalement confidentiel, cet accord sera soumis au vote de chaque section portuaire de l’International Longshore and Wharehouse Union. Ce qui permet, selon la pratique habituelle, de grappiller port par port quelques avantages supplémentaires. Le travail a repris dès le 21 février. Compte tenu du retard accumulé dans la livraison des conteneurs imports, il faudra environ deux mois pour revenir à une situation normale. Ce délai dépend en partie de la bonne volonté des compagnies de faire travailler leurs navires en heures supplémentaires, ce qui a un coût. Par ailleurs, le retour aux cadences d’avant le conflit n’est pas une certitude.
Il est donc probable qu’une partie du trafic transitant normalement par la côte Ouest continue à passer par le golfe du Mexique, la côte Est ou les ports canadiens. Il y a quelques jours, ces derniers ont échappé de justesse à une grève des chemins de fer. Les effets à moyen et long terme de ce très long conflit seront difficiles à percevoir. Mais des experts américains des chaînes d’approvisionnement estiment que l’instabilité sociale du passage portuaire de la côte Ouest est favorable à la relocalisation d’unités de production en Amérique du Nord et centrale. Le « re-shoring » devrait donc augmenter au détriment des activités portuaires.
Autre conséquence possible, la diversification, pour des raisons de sécurité, des ports d’embarquement ou de débarquement pour les chargeurs du centre des États-Unis.
Ce conflit pourrait avoir des retombées politiques dans la perspective de l’ouverture, à l’automne 2017, des négociations entre l’USMX (gestionnaires de terminaux de la côte Est) et le syndicat des dockers, l’accord pluriannuel arrivant à son terme en décembre 2018. Il n’est pas impensable que le gouvernement fédéral réfléchisse aux voies et moyens d’éviter de reproduire la même situation.
Moyennes de rémunérations
En tout cas, la PMA semble s’y employer en diffusant les moyennes de rémunérations pour un équivalent temps plein, payé au moins 2 000 heures en 2013. Avec les primes et les heures supplémentaires, le minimum commence à 137 253 $ pour arriver à 213 120 $ pour un contremaître. S’y ajoute une couverture maladie de l’ordre de 35 k$, entièrement prise en charge par l’employeur. Des niveaux de rémunérations bien supérieurs à ceux de l’aéronautique, surtout si l’on tient compte des qualifications.
Souvent pratiqué lors des conflits portuaires aux Antilles françaises, ce genre de fuite est à double tranchant. Ainsi peut-elle montrer combien est efficace l’action collective dès lors qu’elle prend place dans un secteur incontournable.