Les autorités locales de Brindisi réclament le départ du ferry au motif que sa présence pénalise les activités touristiques et commerciales du site. Reste que cette opération est compliquée. D’abord, la température à bord dépasse encore les 200 oC, plusieurs foyers n’ayant pas encore été maîtrisés. La coque est intacte, donc pas de risques de pollution. En revanche, le navire est incliné, donc instable. Dans ce contexte, le déplacement du Norman-Atlantic implique des risques. Les experts ont proposé de placer l’épave dans un autre bassin du port de Brindisi puis de positionner le ferry perpendiculairement afin de découper la porte du pont-garage se trouvant à l’avant pour évacuer les poids lourds.
Six accusés
Depuis l’ouverture du volet judiciaire, six personnes dont l’armateur Carlo Visentini, propriétaire et constructeur du ferry, et le commandant Argilio Giaco–mazzi, ont été placées sous enquête. Tous sont accusés d’homicide volontaire et d’imprudence. Pour l’heure, les magistrats ont relevé de nombreuses zones d’ombres. D’abord sur la question du départ du Norman-Atlantic malgré des prévisions météorologiques exécrables. Selon le parquet de Bari, l’aspect financier aurait prévalu, les poids lourds transportant, à la veille du réveillon de la Saint Sylvestre, des tonnes de marchandise dont de l’huile d’olive et des produits frais. Une perte pour les distributeurs estimée à plusieurs centaines de milliers d’euros. Autre point soulevé par les enquêteurs, l’overbooking. Non pas au niveau des passagers, la liste faisant état de 40 voyageurs supplémentaires par rapport aux réservations, mais plutôt en ce qui concerne les camions et les voitures. À ce propos, les magistrats réclament des explications sur les voitures entassées au dépend des dispositifs de sécurité sur le pont 4. Enfin, l’équipage, dont une partie est accusée d’abandon de navire, devra aussi expliquer pourquoi les chaloupes ont été mises à la mer malgré les mauvaises conditions météorologiques et qui en a donné l’ordre. Sur les causes de l’incendie, en revanche, l’enquête piétine. Les cales trop chargées, le type de marchandises véritablement transportées par les poids lourds, un courtcircuit. Autant d’hypothèses examinées par les magistrats qui effectueront un troisième état des lieux d’ici la fin de la semaine.