La préfecture maritime de l’Atlantique et Brittany Ferries ont organisé mardi dernier un important exercice maritime sur le thème d’un sauvetage impliquant le ferry Pont-L’Abbé. Le scénario était relativement simple: victime d’un incendie machine, le navire, privé de propulsion et non manoeuvrant, s’immobilise mais conserve sa flottabilité et son intégrité. En revanche, ses moyens d’extinction fixes ne permettent pas de maîtriser l’incendie qui se propage dans les locaux passagers en provoquant de nombreuses victimes. Et comme l’accident survient à près de 70 milles des côtes, le navire est hors de portée des unités légères des différentes administrations intervenant en mer aussi bien que de la SNSM. « À partir de là, plus question d’envisager un poste médical avancé à terre, explique le docteur Jean-Marie Letort, responsable du Samu de coordination médical maritime, c’est une projection de moyens et de spécialistes qu’il faut mettre en œuvre. » Un scénario qui puise tout son réalisme dans l’augmentation de la taille de car-ferries et des paquebots.
Au-delà de ce probable cas de figure, la préfecture maritime de l’Atlantique et Brittany Ferries poursuivaient plusieurs objectifs: tester le plan de secours bord (alarme, alerte, abandon) et le plan d’urgence de la compagnie, valider le plan Orsec Maritime Atlantique en voie de finalisation. Il s’agissait aussi de mettre en avant le plan de coopération SAR (Search & Rescue) signé en janvier dernier entre Brittany Ferries et la préfecture maritime et d’ organiser une opération de médicalisation de grande ampleur. Pour mettre en musique tous ces objectifs, des moyens considérables ont été déployés. Outre le ferry « naufragé » Pont-L’abbé, le remorqueur de haute mer Abeille-Bourbon est venu tester un passage de remorque sur un ferry privé de tous ses apparaux de pont. Pour remplir la mission feu, des marins-pompiers et leurs moyens très spécialisés ont été hélitreuillés de manière à venir en aide à l’équipage du ferry. Les nombreux blessés ont eu besoin de l’acheminement de médecins du Samu maritime et du service de santé des armées, tous venus par la voie du ciel. Par souci de réalisme, les participants ne disposaient pas de chronologie pré-établie. « Pour le Samu de coordination médicale maritime, il s’agissait du plus grand exercice de médicalisation en haute mer depuis 20 ans », a souligné Philippe du Couëdic, administrateur général de Affaires maritimes.
À l’issue du court débriefing tenu juste après l’exercice, Philippe du Couëdic a admis quelques dysfonctionnements. « L’intérêt de l’opération était justement de les mettre en évidence, a-t-il souligné, on invente des procédures sur le papier et on doit se rendre compte que, dans la réalité, elles ne sont pas toutes forcément adaptées. » Ces éléments seront finement analysés pour un débriefing complet programmé le 17 juin prochain.
