Le roulier représente une base sûre pour Marseille-Fos. C'est même un trafic d'aubaine pour les bassins Est qui s'en sont fait une spécialité. L'an dernier avec 4,1 Mt, ce trafic s'est inscrit en forte progression (+ 9 %) après un recul en 2005 (− 1 %) et dépasse largement le niveau 2003 (3,7 Mt). Pour calcul, sur ces mêmes bassins, le volume conteneurs représente 2,85 Mt, soit à peine un peu plus de la moitié du trafic roro réalisé. On y retrouve les pavillons de la SNCM, de la CMN, de la Cotunav, de Sudcargos (CMA CGM) et de Louis Dreyfus, des armements qui assurent 85 % de ce trafic.
Lié d'assez près au trafic passagers (ferries), autre spécialité des bassins Est, le trafic roulier (qui ne comprend pas les conteneurs sur remorques) se partage en trois zones d'approvisionnement. La Corse d'abord se présente comme le premier fonds de commerce géographique avec 53 % de part de marché. Avec 40 %, le Maghreb apporte le second bloc composé par la Tunisie (28 %), l'Algérie (9 %) et le Maroc (4 %). Les 7 % restants s'émiettent entre l'Italie et l'Espagne, qui ne parviennent toujours pas à constituer des autoroutes de la mer, et enfin la Turquie dont le trafic voitures (qui approvisionne Fos) est loin de répondre aux promesses de son marché.
Concevoir un hub ro-ro du XXIe siècle
La direction du Port autonome de Marseille (PAM) en a bien conscience. "La qualité de service portuaire est un facteur clé de succès du ro-ro. Un travail avec les manutentionnaires devrait permettre d'améliorer l'efficience et de réduire encore le coût de passage par Marseille."
L'enjeu est d'autant plus grand que le territoire des bassins Est commence à exercer une forte attraction de la part des promoteurs immobiliers qui, dans le sillage d'Euroméditerranée, rêvent de s'installer sur le front de mer.
À Marseille, existe-t-il encore des marges importantes pour développer un trafic qu'on pensait condamné par l'expansion du conteneur? Il y a les marchés à potentiel au premier rang desquels se place le Maroc. Suivant les experts du PAM, la Turquie offre elle aussi des perspectives de croissance des échanges de l'ordre de 10 %. L'Égypte, notamment avec le trafic de fruits et légumes, présente aussi des opportunités.
Enfin, si de nouveaux pourvoyeurs de fret – en particulier des "mega carriers" ro-ro – sont espérés, le port de Marseille sait bien qu'il reste du chemin à parcourir avant de constituer le hub ro-ro du XXIe siècle. La décision en mars dernier du conseil d'administration du PAM de soutenir le projet d'implanter un terminal d'autoroute ferroviaire sur le terminal roulier sud (TRS), spécialisé dans les trafics rouliers vers et en provenance de la Tunisie et du Maroc, va dans ce sens. Reprenant la technique "Modalhor" de transfert quasi direct sur les wagons, un service régulier de trains pourrait recevoir simultanément des camions entiers ou des remorques. Une moyenne de 60 000 remorques par an est projetée. Un tel hub mer-route-fer servirait d'amorce à une plate-forme pour autoroutes maritimes à partir de laquelle les liaisons directes avec l'Italie et l'Espagne pourraient enfin prendre leur essor.
Les installations ro-ro des bassins Est
– Terminal Pinède Nord Marseille: polyvalent, dont 3 postes rouliers et possibilité d'implantation d'un ponton flottant pour aménager 2 postes supplémentaires.
– Terminal Pinède Sud Marseille: polyvalent, dont 3 postes rouliers.
– Terminal Roulier Sud Marseille: polyvalent, avec 7 postes rouliers.
– Terminaux parcs automobiles (Pinède Nord, terminal Beauséjour, terminal TAS) qui connaissent un trafic croissant.