Le jeudi 5 juillet, à 8 h 30, Jacques Saadé devait recevoir l’intersyndicale CGT-CFDT et CFE CGC des officiers de CMA CGM "en vue d’un dialogue qu’il espère constructif" à la suite de la réunion de la Commission paritaire Officiers du 13 juin dernier. Celle-ci s’est en effet mal passée. Deux sujets irritent particulièrement les syndicats. La compagnie souhaite appliquer à la commission paritaire, lieu de négociation de l’accord Officiers, les mêmes dispositions relatives à l’exercice du droit syndical des "retraités" qu’au sein des institutions représentatives du personnel (IRP). Schématiquement, le rôle des "papies" mandataires syndicaux est très encadré et limité par un accord très récent. Pour les syndicats, cet accord ne peut s’appliquer en aucun cas aux commissions paritaires.
Plus "intolérable", le directeur des armements sous pavillon français (toute nouvelle dénomination), Pierre Lavoix, est systématiquement "chaperonné" dans les commissions paritaires par un représentant de la direction des relations humaines du groupe, voire par le directeur des relations sociales. Cela semble être interprété par les syndicats comme une perte d’autonomie de la direction de l’armement et comme un non-respect de l’accord Officiers. Ce dernier prévoit en effet que tout poste à terre pouvant convenir aux qualifications d’un officier fasse l’objet d’une publicité afin de susciter les candidatures. L’Intersyndicale a donc mis rapidement un terme à la réunion du 13 juin en exigeant une nouvelle réunion constructive avant le 10 juillet, faute de quoi un risque d’un retard à l’appareillage de 48 heures reconductibles des 21 navires concernés n’était pas à exclure. Ce risque expliquerait une partie du discours de Jacques Saadé lors de la bénédiction du CMA-CGM-Hérodote en Grande-Bretagne (JMM du 29-6-2007, p. 4).
IL VAUT MIEUX AVOIR À FAIRE AU BON DIEU QU’À SES SAINTS
Astucieuse, l’Intersyndicale a systématiquement mis en copie de ses échanges électroniques de courrier, le président Saadé, craignant qu’il ne soit pas bien informé de ce qui se passait dans sa maison. Cela a été très efficace. Le 29 juin, Alain Wils, d.g. de CMA CGM, proposait au nom de Jacques Saadé, une réunion pour le 5.
Le 30 juin, l’Intersyndicale acceptait la proposition tout en posant ses "conditions" au nom de la "spécificité maritime" et pour "apaiser les esprits": elle ne souhaite rencontrer que Jacques Saadé, Alain Wils et Pierre Lavoix et personne d’autre.
Les équipages français étant invités à maintenir la pression.
