Précaution oratoire, les prévisions de la principale association représentant les intérêts des industriels de l’acier sont basées sur des scénarios de stabilisation de l’épidémie au deuxième trimestre et d’avancées des campagnes de vaccination, « permettant un retour progressif à la normale dans les principaux pays utilisateurs d'acier. »
Contre toute attente, l'industrie mondiale de l'acier n'a pas plié en 2020, soldant la terrible année sur une contraction mineure de la demande d'acier de 0,2 %, la reprise rapide la Chine, avec une croissance de 9,1 %, ayant permis de limiter la casse. Ailleurs, la demande d'acier s'est contractée de 10 %.
« Dans les années à venir, la demande se redressera fermement, tant dans les économies développées que dans les économies en développement, soutenue par la demande non satisfaite et les plans de relance mis en œuvre dans de nombreux pays. Toutefois, dans la plupart des économies développées, le retour aux niveaux pré-pandémiques de la demande d'acier prendra quelques années », indique l’organisation.
En Chine, + 3 % en 2021 et + 1 % en 2022
L'économie chinoise a rapidement rebondi après le blocage de fin février, et presque toute l'activité économique (à l'exception du commerce de détail) a repris sa pleine productivité en mai. L'économie chinoise a bénéficié de mesures visant à stimuler l'économie avec des politiques publiques favorisant les investissements dans les infrastructures, et de la construction, consommatrice d’acier, couplées à des mesures sociales pour stimuler la consommation des ménages. En outre, l'économie a bénéficié de la vigueur des exportations. En conséquence, après s'être contractée de 6,8 % au premier trimestre 2020, l'économie chinoise a enregistré une croissance annuelle de 2,3 % en 2020, détaille l’association professionnelle.
Dans le secteur manufacturier, c'est la production automobile qui s'est le plus contractée (45 %) pendant le blocage mais elle s’est fortement redressée depuis mai, selon Worldsteel. Pour l'ensemble de l'année 2020, la production automobile n'a cependant diminué que de 1,4 %. D'autres secteurs manufacturiers ont affiché une croissance positive en raison de la forte demande d'exportation. Compte tenu de la forte activité dans les secteurs de la construction et des machines, et avec certaines accumulations de stocks, l'utilisation apparente d'acier a augmenté de 9,1 % en 2020.
En 2021, la plupart des secteurs utilisateurs d'acier « afficheront une croissance modérée et la demande de la Chine devrait augmenter de 3 %. En 2022, la croissance de la demande ralentira à 1 % car l'effet des mesures de relance de 2020 se sera estompé ». La réaction du gouvernement à la politique commerciale de la nouvelle administration américaine et l'intensification de la pression environnementale ajoutent néanmoins de l'incertitude, nuance le document.
Dans les économies développées : + 8,2 % en 2021 et + 4,2 % en 2022
La demande d'acier a accusé une baisse de 12,7 % en 2020. « Nous assisterons à une reprise substantielle en 2021 et 2022 avec une croissance de 8,2 % et 4,2 % respectivement. Cependant, la demande en 2022 sera toujours en deçà des niveaux de 2019. »
Malgré des niveaux d'infection élevés, l'activité américaine a pu rebondir fortement après la première vague grâce à l'important stimulus fiscal qui a soutenu la consommation. « Cela a aidé la fabrication de biens durables mais la demande globale d'acier américain a chuté de 18 % en 2020 ». La planification par l'administration Biden d’investissements conséquents et pluriannuels dans les infrastructures donne de l’espoir aux industriels.
Le plan Biden doit encore être examiné par le Congrès américain au second semestre 2021 et pourrait être plus ou moins stimulant pour la demande. Néanmoins, selon les industriels de l'acier, la reprise de la demande sera limitée à court terme par un faible rebond des secteurs de la construction non résidentielle et de l'énergie. Le secteur automobile devrait en revanche connaître une forte reprise. Il part d’une année zéro.
Dans l'UE27 et au Royaume-Uni, la demande d'acier en 2020 s'est soldée par une contraction de 11,4 %, plus forte que prévu. L'Italie et la France ont enregistré des contractions proportionnellement plus importantes en raison des mesures de verrouillage plus sévères et de l'effondrement du tourisme.
« La reprise en 2021 et 2022 devrait être saine, grâce au rebond dans tous les secteurs utilisateurs d'acier, en particulier l’automobile, et aux initiatives de construction publique. Jusqu'à présent, la dynamique de reprise de l'UE n'a pas été déréglée par les troisièmes vagues en cours mais elle reste fragile. »
Au Japon, la demande d'acier, subordonnée à la construction automobile a reculé de 16,8 % en 2020. La reprise devrait être modérée selon les estimations de l’association de l’acier, tirée par « un rebond du secteur automobile avec la reprise des exportations et des machines industrielles en raison d'une reprise mondiale des dépenses d'investissement. »
En Corée du Sud, la demande s'est contractée de 8 % en 2020 en raison des difficultés des secteurs de l'automobile et de la construction navale. « En 2021-2022, ces deux secteurs devraient bénéficier des investissements dans les installations et des programmes d'infrastructure. Néanmoins, la demande d'acier en 2022 ne devrait pas retrouver son niveau d'avant la pandémie. »
Dans les économies en développement, + 10,2% en 2021 et + 5,2 % en 2022
De manière générale, les économies en développement (hors Chine) ont davantage souffert de la pandémie que les économies développées du fait de capacités médicales inadéquates, d’un effondrement du tourisme et d’un soutien fiscal insuffisant, indique le rapport.
La demande d'acier a diminué de 7,8 % en 2020 mais de façon contrastée. L'Inde, le Moyen-Orient et la plupart des pays d'Amérique latine ont davantage souffert. La demande devrait connaître un rebond relativement rapide en 2021 et 2022, avec une croissance de 10,2 et 5,2 % respectivement, selon Worldsteel.
La rédaction