L’APL Vanda, un porte-conteneurs opéré par CMA CGM sur le FAL3, a rencontré un incident technique dans l'océan Indien le dimanche 3 juillet alors qu’il était au large de Djibouti. La compagnie, très discrète sur la nature et l’ampleur de l’incident, reconnaîtra plus d’une semaine plus tard la perte d’une cinquantaine de conteneurs. Faute d’informations dispensées par l’armateur, nimbé de « mystère », l’événement est devenu une saga dans la presse.
Dans un avis à la clientèle en date du 7 juillet, CMA CGM avait enfin reconnu que le porte-conteneurs de 13 892 EVP, opérant sur le FAL 3 entre l'Asie et l'Europe du Nord, avait été confronté à un « incident inattendu » le 3 juillet alors qu’il était au large de Djibouti, où il se trouve toujours pour inspection deux semaines après l’événement. Le navire immatriculé à Singapour avait quitté le port de la Cité-État le 26 juin et ses données AIS lui attribuent désormais une arrivée à Tanger le 30 juillet après quelques aménagements sur son programme.
Les chargeurs ont été informés que l’escale de Southampton, initialement prévue le 22 juillet, a été annulée et que le fret à destination du port britannique serait déchargé dans le port marocain de Tanger afin de le faire transporter par le prochain navire disponible, dont l’escale n’est pas précisé. Un transitaire britannique, qui a plus de 20 conteneurs à bord, a indiqué au Loadstar, avoir été notifié d’une arrivée au Royaume-Uni... le 9 octobre.
La compagnie française a pour sa part évoqué une arrivée en Europe du Nord avec deux semaines de retard. Elle finira par déclarer la perte de 55 conteneurs sans qu’aucune information n’ait été délivrée sur les dommages subis par les cargaisons.
Flambée du nombre de conteneurs perdus en mer
Recrudescence
La perte de conteneurs est un sujet délicat. Le World council shipping, seule entité à renseigner le phénomène depuis 2008, vient de publier une actualisation portant sur les trois dernières années. Les conditions météorologiques en 2020 et 2021 ont porté à 3 113 le nombre de boîtes passées par-dessus bord. Cette « augmentation spectaculaire », qu’il faut cependant mettre en perspective avec les 6 388 porte-conteneurs en service qui ont transporté 241 millions de conteneurs en 2021, contraste avec plusieurs années de baisse. En cause dans cette recrudescence, un nombre inhabituellement élevé d'incidents liés aux conditions météorologiques.
La problématique est complexe car les facteurs – arrimage, emballage, fixation, plan de charge, fret mal déclaré, intégrité structurelle des conteneurs…– sont multiples et relèvent de la responsabilité de plusieurs acteurs. Le facteur humain est déterminant mais les conditions météorologiques restent un facteur aggravant. Les complexes mouvements de roulis et les forces latérales et verticales qui s’exercent dans tous les sens, a fortiori en cas de forte houle, ne sont pas toujours bien appréhendées. Un guide à usage du personnel d'exploitation est en préparation pour mieux « identifier ces phénomènes, prévenir et agir. »
A.D.
Photo d’archives