Céréales : les exportations pourraient atteindre des records

 

Il reste deux mois avant la fin de la campagne céréalière, mais tous les voyants sont au vert pour les exportateurs français. La demande est forte, amplifiée par les mauvais épisodes climatiques dans certains pays concurrents et par le retour des clients traditionnels confrontés eux aussi à des sécheresses.

Trains et camions parviennent à gagner les ports, les terminaux céréaliers de Rouen et La Rochelle poursuivent leur activité à un rythme soutenu. Tout va pour le mieux pour la filière blé française malgré l'épidémie et le confinement. Tant et si bien que la France pourrait cette année battre un record en matière d'exportations. Selon les perspectives que dessine aujourd'hui FranceAgriMer à deux mois de la fin de la campagne, les exportations de blé tendre pourraient atteindre 13,2 Mt, un niveau encore jamais atteint dans l'histoire.

Les client traditionnels, Maghreb et Afrique de l'Ouest, qui avaient eu tendance ces dernières années à faire quelques infidélités à leurs fournisseurs français en allant chercher leurs blés en Russie et en Ukraine, parfois même en Amérique du nord, reviennent à leurs circuits traditionnels. Le Maroc à lui seul a plus que doublé ses achats Et avec une demande très soutenue : alors que ses importations en provenance de France avaient représenté 447 000 t sur la même période de l'exercice précédent, elles ont grimpé à 1,097 Mt sur les huit premiers mois de la campagne, complétés par 574 000 t supplémentaires commandés entre le 1er mars et le 10 avril. Pour l'Afrique de l'Ouest, les chiffres sont à l'avenant. Alors que les achats étaient de 383 000 t sur la période de juillet 2018 à mars 2019, ils ont atteint cette années 987 000 t.

L'Égypte constitue des réserves

Plus surprenante encore, la montée des achats égyptiens et surtout chinois. Étonnamment en effet, la Chine est particulièrement présente sur le marché avec une très forte dynamique de sa demande. De juillet 2019 à février 2020, elle a fait charger près de 697 000 t, contre 130 000 l'an dernier sur la même période. Et sur mars et début avril, ce sont encore plus de 400 000 t supplémentaires qui sont venues s'ajouter à ses achats. Soit un total de 1,1 Mt sur sur dix mois.

Quant à l'Égypte, qui jugeait les prix du blé français trop élevés par rapport à ceux des producteurs de la mer Noire avec une différence de 4 à 7 $/t, elle revient désormais sur ses positions. En ces temps de pandémie, le pays souhaite augmenter ses réserves stratégiques et devrait très vite se tourner lui aussi vers les exportateurs français. En revanche, les expéditions vers les autres pays européens sont en baisse. Les fabricants d'aliments pour animaux du nord de l'Union européenne ont en effet préféré se tourner vers le maïs, plus compétitif cette année que le blé. En effet, ce grain, utilisé à la fois pour l'alimentation animale et pour la production d'éthanol et de biodiesel et donc en concurrence, sur ce dernier créneau, avec le pétrole, a vu ses cours baisser du fait de l'effondrement de l'or noir.

La Russie garde son blé et ferme ses exportations

La demande en céréales devrait rester soutenue dans les prochains mois, d'une part parce que les principaux pays producteurs, en Amérique du Nord et surtout sur le pourtour de la mer Noire où les pluies tardent à venir, ont d'ores et déjà annoncé des récoltes en baisse, d'autre part parce que l'Asie peine à assurer ses propres chaînes logistiques pour le transport du riz. À cela s'ajoutent les annonces de Vladimir Poutine à la mi-mars qui laissait entendre que son pays, véritable grenier à blé, allait limiter ses exportations pour favoriser son marché intérieur. Fin mars, c'était au tour du Kazakhstan et de l'Ukraine de s'aligner sur la position russe avec des annonces similaires.

L'offre globale à l'échelle planétaire devrait accuser une baisse de 10 Mt. Cela devrait générer une hausse des cours qui se dessine déjà. Les prix du blé, orientés à la hausse depuis quelques semaines, viennent soudain de progresser fortement et d'atteindre 200 $/t, un prix qu'on n'avait pas vu depuis 2018. La progression des cours qui semble poindre va malmener davantage encore des pays importateurs déjà secoués par la crise pandémique et dont les ressources financières s'amenuisent. Certains tentent dès à présent de s'en prémunir en constituant des réserves, à l'instar de l'Égypte ou de l'Algérie qui se préparent à des jours sombres.

Myriam Guillemaud Silenko

Le cas à part du Maroc

Alors que la production tourne habituellement autour de 5 Mt de blé tendre et 2 Mt de blé dur, les récoltes de l'un et de l'autre cette année au Maroc devraient à peine atteindre respectivement 2,1 et 0,8 Mt à cause de conditions climatiques très défavorables, alliant fortes chaleurs et sécheresse. Les stocks sont à des niveaux très bas, les plus faibles depuis la campagne 2013-2014. Pour faciliter ses approvisionnement, le gouvernement a suspendu les droits de douane sur les importations de blé dur afin de reconstituer ses réserves. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les exportateurs français, premiers fournisseurs du Maroc, multiplient les volumes qu'ils chargent vers cette destination.

 

 

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