Jimmy Marolle, DFDS : « Le trajet combinant maritime et ferroviaire offre un bon compromis en coût et en temps »

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L'armateur danois DFDS a récemment lancé une nouvelle ligne ferroviaire entre Sète et Cologne pour le transport des remorques d’Ekol Logistics à bord des rouliers reliant Sète au port turc de Yalova. Quelle est la stratégie de l’armateur danois en Méditerranée ? Pour quels prolongements ferroviaires en France ? Entretien avec Jimmy Marolle, directeur de l’unité opérationnelle méditerranéenne de DFDS en France.
 
Le train récemment lancé par Prime Rail et DFDS entre Sète et Cologne est-il réservé pour les remorques Ekol ?

Jimmy Marolle : Le train opéré entre Sète et Cologne depuis le 10 mars est un train complet réservé pour DFDS. C’est Cargo Beamer qui en assure la traction et a obtenu le sillon ferroviaire pour le faire circuler. Il est pour le moment entièrement dédié aux besoins de notre client Ekol, mais il pourrait être ouvert à  d’autres clients si des slots étaient disponibles. Il y a pour l’instant deux départs par semaine dans chaque sens, avec une quarantaine de remorques par train. Un troisième service sera mis en place en fonction des coefficients de remplissage.

Pourquoi faire passer ces remorques par Sète et non par Trieste, comme pour les autres marchandises transportées par DFDS entre la Turquie et l’Europe centrale ou l’Allemagne ?

J.M. : Cela tient à l’autorisation de faire circuler en France des trains plus longs qu’en Italie. Il est par ailleurs intéressant pour nous de dupliquer à Sète un schéma qui a fait ses preuves à Trieste. Il s’agit d’y opérer un nouveau hub pour proposer en France une alternative au port italien, d’autant que le volume de marchandises en provenance de Turquie est appelé à croître.

Vous avez annoncé la mise en place ultérieure d’un train entre Sète et Calais : à quelle date sera-t-il lancé ? Est-ce aussi un partenariat avec Prime Rail ?

J.M. : Pour lancer cette future ligne ferroviaire, qui nous permettra de relier la Turquie au Royaume-Uni, en passant par Sète et Calais, nous travaillons avec Prime Rail, qui est l’opérateur ferroviaire mandaté par DFDS pour notre développement ferroviaire et multimodal en Europe. L’entreprise ferroviaire qui opérera ce train n’est pas encore choisie. À Sète, le terminal ferroviaire sera exploité par Viia, mais cela n’empêche pas d’avoir recours aux services d’autres opérateurs pour la traction. Notre objectif est de lancer ce train le plus rapidement possible avec deux escales par semaine, et davantage par la suite si la demande s’en fait sentir.

Pourquoi multiplier les ruptures de charges en passant par Sète et Calais en ferroviaire, plutôt qu’un trajet maritime direct entre la Turquie et la Grande-Bretagne ?

J.M. : Il y a plusieurs raisons. D’une part, il n’y a pas assez de remorques à transporter entre la Turquie et le Royaume-Uni pour remplir un navire. Le coût ne serait donc pas compétitif par rapport à un trajet routier à travers le continent européen. D’autre part, l’utilisation d’un tronçon ferroviaire permet à notre clientèle d’améliorer le temps de transit par rapport à une solution entièrement maritime. Enfin, cela répond à la pénurie de chauffeurs qui rend plus difficile une solution entièrement routière. Le trajet combinant maritime et ferroviaire, en faisant voyager des remorques pour faciliter les tronçons routiers côtés turc et britannique, offre un bon compromis, tant du point de vue du coût que du temps de transit, entre tout-routier et tout-maritime.

Projetez-vous l’ouverture de nouvelles lignes en Méditerranée ?

J.M. : Nous n’avons pas de nouveaux projets pour l’instant. Nous misons davantage sur une fréquence accrue ou sur les capacités. Nous disposons d’une flotte de 71 rouliers, ce qui nous permet d’adapter en permanence la taille des navires aux différents marchés. La réduction de l’empreinte environnementale de toutes les activités va conduire à une relocalisation d’entreprises depuis l’Asie vers le bassin méditerranéen, ce qui nous offrira de nouvelles opportunités de transport depuis la Turquie ou l’Afrique du Nord. Sur nos 71 navires, 19 sont aujourd’hui exploités en Méditerranée, dont 5 sur la ligne Sète et le port turc de Yalova.

Qu’en est-il de la ligne Tunis-Marseille ? Des prolongements ferroviaires sont-il envisageables ? Ou un passage de Marseille à Sète conformément à la logique de hub précédemment évoquée ?

J.M. : Il est toujours mieux d’opérer sur un seul port pour créer des synergies entre les lignes, mais le marché en décide parfois autrement. Nos clients sur le marché tunisien, en l’occurrence, ne sont pas équipés de remorques préhensibles adaptées au passage sur rail, et ne manifestent pas d’intérêt pour un passage par Sète.

Propos recueillis par Étienne Berrier

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