CIMer : Déception pour les armateurs


Dans un communiqué, le président d’Armateurs de France fait part de ses déceptions quant au Comité interministériel de la mer (CIMer), qui s’est tenu le 22 janvier au Havre. « Les sujets à l’ordre du jour sont restés essentiellement portuaires », déplore Jean-Emmanuel Sauvée. 

Raccords et désaccords. Coupes et compromis. Les relations entre les pouvoirs publics et les forces économiques ne partagent pas toujours la même syntaxe. « Les compagnies maritimes regrettent que les enjeux spécifiques du transport et des services maritimes n’aient pu être à l’ordre du jour. Le secteur du transport et des services maritimes, très impacté par la crise sanitaire, porte un projet stratégique pour sa relance, l’amélioration de sa compétitivité, sa contribution à la transition écologique ainsi qu’à la solidarité et la souveraineté économiques du pays », rappelle Jean-Emmanuel Sauvée, élu à la tête d’Armateurs de France en pleine crise épidémique en avril 2020.

Le CIMer 2021 ne se sera en effet pas attardé sur les « difficultés économiques et opérationnelles » du transport maritime, qui en tant que « maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement » a rendu maints service à la nation « contre vents et marée pour acheminer les biens et produits essentiels, notamment médicaux, alimenter les réseaux énergétiques ou encore entretenir les câbles sous-marins qui véhiculent 99 % des données numériques si précieuses dans la période que nous vivons. » 

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Grande réflexion sur le pavillon

La déception est sans doute à la hauteur des espoirs successifs placés dans un président qui, il y a un peu plus d’un an, tenait un discours galvanisant sur la place qu’il entendait accorder au secteur maritime. Sa vision non étriquée dans ses frontières, tout à la fois régalienne, économique, écologique, géopolitique…, rejoint la stratégie défendue par les armateurs français. À plusieurs reprises, l’an dernier, le gouvernement d’Emmanuel Macron a donné des gages de sa conscience du caractère stratégique de leurs activités. La création du ministère de la Mer, sorti des plis de l’Histoire, a fini de les convaincre d’un président décidément maritimiste, qui dans un discours pourtant minuté de déconfinement, avait trouvé le temps pour rappeler la nécessité d’accélérer la « stratégie maritime », secteur érigé en cheville ouvrière d’un plan de relance d’intérêt national. 

Depuis Annick Girardin, ministre de la Mer, est monté au front pour défendre le net wage et engager le Fontenoy, « grande réflexion » sur le pavillon national, la compétitivité du registre français, le rayonnement et la capacité d'influence du pavillon français… La démarche a trouvé de l’écho chez les armateurs alors qu’ils avaient eux-mêmes longuement mûri un projet, depuis l’arrivée de Jean-Emmanuel Sauvée mais sans doute en antichambre dans la précédente mandature, pour redonner de la vigueur au pavillon national.

« Il est un élément essentiel au rebond de l’économie nationale et en même temps à la relance de notre secteur. Il s’agit de consolider ses fondamentaux, d’assurer sa compétitivité et sa pérennité dans un contexte mondial en fortes évolutions », expliquait le président d’Armateurs de France lors de la présentation d’un document intitulé « Plan stratégique pour la marine marchande française ».

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40 mesures 

Articulé autour de quatre axes et 40 mesures, le projet est le recueil de toutes les mesures sur lesquelles les armateurs souhaitent avancer avec l’État, l’Europe, les organisations syndicales, les partenaires économiques…Il y est question de souveraineté des approvisionnements, de maîtrise des exportations, de l’emploi de marins français, de la formation, des conditions d’exercice des métiers, de transition énergétique des navires, du financement d’une activité hautement capitalistique… Chaque axe est décliné ensuite en un ensemble de propositions d’actions qui consistent, pour la plupart, en la consolidation et l’amplification de mesures qui servent d’étau au dispositif maritime actuel : 39C, taxe au tonnage, exonération de charges, registres d’immatriculation français (dont le Rif). « Ce plan rendrait ainsi possible un doublement de la flotte de commerce sous pavillon français dans les cinq ans », indique le document.

Croissance massive de la flotte

« Ce plan s’inscrit dans la continuité et la logique des actions menées depuis plus de 30 ans, en matière de politique maritime, mais est aujourd’hui d’une ampleur inégalée. Les mesures contenues dans la solidarité économique permettront de créer un courant d’affaires nouveau pour les armateurs. Les actions pour stimuler l’investissement productif serviront le développement de la flotte pour mettre en adéquation les capacités de transport avec cette nouvelle dynamique commerciale. Les engagements sociaux et environnementaux accompagneront, de façon très volontariste, la croissance massive de la flotte de commerce. Ce plan donnera du secteur maritime une image dynamique d’un point de vue économique, vertueux sur les aspects sociaux et fera du pavillon français une référence mondiale en matière d’environnement », énumérait alors Jean-Emmanuel Sauvée, convaincant dans sa ferme résolution à faire émerger une « France des marins et des navires ».  

Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que la criante absence du secteur du transport maritime durant le CIMer, qui s’est concentré sur l’axe Seine et les énergies marines renouvelables, ait contrarié. Prochain rendez-vous que l’exécutif ne devra pas louper : « tous nos espoirs se fondent désormais sur le résultat du Fontenoy », conclue le communiqué. 

A.D.

 

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