Une congestion de vraquiers en Indonésie provoquée par la demande mondiale de charbon

L’appétence mondiale pour le charbon créé des goulets d’étranglement aux abords des ports indonésiens où s’est formée une file d’attente de pas moins de 111 vraquiers alors que les retards s’accumulent à l’autre bout de la chaîne, en Chine, qui fonctionne au ralenti. Les taux de fret des panamax réagissent.

Le boom de la demande mondiale de charbon met les ports indonésiens et chinois sous pression. La congestion, qui s’était tassée pour ce qui concerne les vraquiers, est redevenu un sujet. Clarksons estime à 111 le nombre de vraquiers en attente au large des côtes de l’Indonésie, premier exportateur mondial de charbon. 

Le nombre mais aussi le temps d’attente avant d’être pris en charge s’allonge, de deux jours pour le minerai de fer et de trois jours pour le charbon, l’anthracite thermique ayant actuellement la préférence pour la production d’électricité depuis que les prix du gaz se sont enflammés dans la foulée de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. 

La Chine, premier importateur mondial de quasiment toutes les matières premières, a de surcroît augmenté ses exportations de charbon, ajoutant à la tension généralisée sur un marché en surchauffe. 

Une course mondiale pour trouver du charbon

Taux de fret en réaction

Les taux de fret des capesize (jusqu’à 180 000 tpl) qui dépendent fortement des importations chinoises de minerai de fer (utilisé dans la construction) et de charbon, ne décollent pas pour autant et sont même très déprimés, à 5 400 $/jour par jour, tandis que les panamax (65 000-90 000 tpl), spécifique au transport de charbon, ont bondi à 14 200 $/j la semaine dernière, les tarifs soutenus par l’explosion de la demande en charbon thermique.

L’Indonésie contribue depuis le début de l’année aux turbulences de ce marché. En janvier, l'Indonésie, le premier producteur mondial –  441,5 Mt de charbon en 2021, soit 31 % du total mondial exporté et 8 % de la demande mondiale du transport en vrac –, avait crée la panique sur les marchés en interdisant les exportations de charbon thermique pour sécuriser sa propre demande d’électricité. 

Depuis la levée de l'interdiction en février, les groupes miniers du pays sont tenus de vendre 25 % du charbon sur le marché intérieur afin de parer une éventuelle crise énergétique. Le 9 août, le ministre indonésien des Ressources énergétiques et minérales a annoncé que 48 sociétés minières n’avaient pas respecté ce quota. En conséquence, le gouvernement a bloqué, les concernant, toutes sorties du pays alors que la sanction de l'Union européenne visant l’approvisionnement russe de charbon venait d’entrer en vigueur. De la tension à la tension. 

Les importations de charbon se frayent un chemin vers l'Europe

Un trafic en rebond

Au cours du premier semestre, le marché mondial du charbon maritime a enregistré une nouvelle croissance après la hausse significative de 2021. L’an dernier, d’après le courtier maritime Banchero Costa, les exportations mondiales de charbon maritime avaient atteint 1,15 milliard de tonnes, contre 1,099 milliard en 2020.

De janvier à juin, les chargements mondiaux de charbon par la mer ont augmenté de 1,5 % sur une base annuelle pour atteindre 572,7 Mt. S’ils ont diminué de 5,1 % au cours du premier trimestre, ils ont augmenté de 7,7 % entre avril et juin par rapport à l'année précédente, pour atteindre 314,2 Mt. Le mois de juin a été particulièrement dynamique avec 111,6 Mt traitées, en hausse de 12,3 % sur un an. Le déclin du fossile est toutefois bien entamé puisqu’en dépit de ce rebond conjoncturel, le trafic reste bien en deçà des niveaux expédiés en 2019 : 637,9 Mt au cours des six premiers mois de l’année pré-pandémique.

Adeline Descamps

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