Le chantier naval de Belfast, fondé en 1861, a été placé le 4 août sous le régime des faillites, a annoncé la BBC, et devrait enclencher ce 5 août une procédure d'insolvabilité devant la Haute Cour de Belfast.
Tous les médias en parlent pour un de ses grands gestes qui ont marqué à jamais l'Histoire : il est le chantier naval qui a construit entre 1909 et 1911 l'emblématique Titanic au tragique destin, son naufrage en avril 1912 au large de Terre-Neuve, lors de son voyage inaugural entre la Grande-Bretagne et New York, causant la mort de plus de 1 500 de ses 2 200 passagers. Mais Harland and Wolff est surtout une entreprise qui relève du patrimoine maritime avec son histoire vieille de 158 ans et qui a connu son apogée dans les années 1930 quand elle employait plus de 30 000 personnes.
Nationalisé en 1975 et acheté par le Norvégien Fred Olsen Energy en 1989 (devenu depuis Dolphin Drilling, major pétrolière norvégienne), n'employant plus que quelque 120 à 130 personnes (selon les sources) aujourd'hui, ayant construit son dernier navire en 2003, année où il a pris le parti des énergies renouvelables, visant des projets d’énergie éolienne et de génie maritime, le chantier naval de l'Irlande du Nord était sous la protection de la loi sur la faillite depuis quelques semaines en vue de sa mise en vente. Le chiffre d’affaires du chantier naval est passé de 67 M£ (73 M€) en 2015 à 8,7 M€ en 2016 avec une perte de 7,5 M€, (dernières données publiées).
La situation du mythique chantier ne laisse personne de marbre
Faute de repreneurs ou d'« options viables », parvenu aux termes de sa période d'observation, un administrateur (le cabinet comptable BDO basé à Belfast) a donc été nommé et une demande d'insolvabilité doit être déposée aujourd'hui auprès de la Haute Cour de Belfast. Le syndicat des travailleurs proteste depuis plus d'une semaine contre la fermeture du chantier naval et demande sa nationalisation afin d'en assurer le maintien.
Un député du parti nord-irlandais DUP, Gavin Robinson, a déclaré à la BBC que l'intervention du gouvernement n'était pas souhaitée et que « toutes les solutions possibles avaient été tentées ». Pour l'élu, il serait de plus en plus « improbable qu’une solution soit trouvée à court terme ». Ce que semblait confirmer le ministre chargé de l'Irlande du Nord, Julian Smith, qui s'est entretenu avec les différentes parties prenantes depuis sa prise de fonction fin juillet, indiquant qu'aucune option « viable » n'avait émergé.
A.D.