IAPH : « Un nouveau concept régional de transbordement semble émerger »

 

La dernière enquête de l'Association internationale des ports, réalisée depuis l’émergence du Covid, afin de suivre de façon hebdomadaire la situation dans les ports dans le monde, fait apparaître des tendances très fragmentées pour le transport maritime de conteneurs. Certaines alliances ont réorganisé les services tandis que d'autres maintiennent les annulations. Mais, fait nouveau, les services de feeders vers les ports régionaux se développent parallèlement à l’augmentation des traversées à vide sur les lignes est-ouest.

Le rendez-vous est désormais établi depuis le 6 avril. Chaque semaine, l'enquête de l'IAPH-WPSP rend compte de la façon dont la pandémie affecte le fonctionnement portuaire mondial. La valeur ajoutée de l’exercice tient dans son suivi hebdomadaire et ces six questions, les mêmes, qui sont adressées aux autorités et opérateurs portuaires. Le dernier tableau de bord effectué porte sur des sondages réalisés durant la semaine du 2 juin. Sur les 104 réponses, près de la moitié était des ports européens et un quart américains (18 ports d'Amérique centrale et du Sud et 16 d'Amérique du Nord). Les places africaines et asiatiques restent toujours sous-représentées.

L’impact de la crise sur les escales semble évoluer favorablement. Les annulations de services, principalement sur les routes vers l’Extrême-Orient, continuent d’opérer mais « leur impact reste inférieur au niveau enregistré ces cinq dernières semaines », indiquent les auteurs du rapport. Environ 39 % des sondés signalent que le nombre d'escales de porte-conteneurs a diminué de 5 à 25 % par rapport à une situation normale. Ils étaient 45 % à l’indiquer fin mai (semaine 22). Ce niveau est toutefois comparable à ceux observé dans la première quinzaine d’avril. À l'échelle mondiale, seule une petite minorité (6 %) est touchée par un nombre important de suppressions (plus de 25 %). Cette part a atteint 10 à 11 % entre le 20 et 30 avril.

Situation très fragmentée

Nulle surprise, les blank sailing concernent principalement les porte-conteneurs de la ligne régulière et les ports pivots. Au niveau mondial, environ 45 % d’entre eux sont concernés par une baisse de plus de 5 % des arrivées par rapport à une situation normale. Ce chiffre fluctue entre 40 et 53 % depuis le début de l'enquête, sans qu'une tendance claire ne soit observée. Toutefois, les résultats régionaux montrent clairement que la situation en Europe a atteint son point culminant dans la semaine du 4 mai et qu'elle s'est progressivement améliorée depuis. En Amérique du sud et du nord, où le plein impact a été différé, il n'y a pas encore de signes clairs d'amélioration.

Les différences régionales s'accentuent à mesure que les ports du monde entier réagissent à la crise sanitaire. En Amérique centrale et du sud, les mouvements de navires se sont stabilisés mais le nombre de conteneurs déchargés par escale a diminué. Car certains opérateurs ont utilisé des unités plus petites. Dans certains cas, la fréquence des porte-conteneurs et des pétroliers a été maintenue malgré la crise. Dans d'autres, seuls quelques navires sont entrés dans le terminal pour y acheminer des produits dits essentiels. En Europe, certains opérateurs ont ainsi signalé que, bien que les escales se soient légèrement améliorées, les volumes de marchandises continuent de baisser. Pour beaucoup, cependant, la situation semble se stabiliser, relève l’étude.

Selon Theo Notteboom, co-auteur du rapport, alors que les suppressions de service pénalisent surtout les ports pivots de la ligne régulière, certains ports régionaux voient leurs liasions se développer. « Un nouveau concept régional de transbordement semble émerger », souligne-t-il.

Désertion des paquebots

Les autres navires de charge sont également gagnés par la contagion des départs à vide. La part des ports faisant état d'une réduction de plus de 25 % des services est néanmoins passée de 16 % à 11 % en deux semaines.

L’évolution dans un sens favorable est moins flagrante pour le transport passager, durement frappé par la crise sanitaire. Depuis le 11 mai, la situation est en quasi statu quo même si des restrictions se lèvent ici et là, à l’instar de Finlande, la Grèce, l'Italie et l'Espagne. Il y a moitié moins de ferries que la normale selon les estimations de plus 60 % des professionnels. Un pic de 76 % avait été atteint début mai. Au cours des semaines 20 et 21 (mi-mai), sept ports européens sur dix ont perdu la moitié des escales de leur trafic passagers, les croisières restant interdites. « Certains ports dépendant des croisières ont rouvert des terminaux de croisière, des magasins et des restaurants dans des conditions sanitaires strictes mais le rétablissement complet ne commencera que lorsque les interdictions mises en place par les gouvernements nationaux commenceront à être levées », indique le professeur Thanos Pallis.

Adeline Descamps

 

L’essentiel du dernier baromètre IAPH portant sur la semaine du 2 juin

- Les voyages à vide, principalement sur les routes commerciales avec l'Extrême-Orient, continuent d'affecter les résultats des escales des porte-conteneurs, bien qu'avec un impact moindre que les cinq dernières semaines. 39 % des arrivées de porte-conteneurs ont diminué au cours des deux dernières semaines de 5 à 25 % (45 % dans la semaine 21). 6 % enregistrent une baisse significative (supérieure à 25 %)

- Les ports continuent de subir le contrecoup de la baisse des annulations dans le passager : 62 % d'entre eux ont signalé une nouvelle baisse des escales au cours des deux dernières semaines

- 76 % signalent des opérations normales ou de retour à la normale dans le transport transfrontalier par camion

- Les services intermodaux par rail et par barge connaissent moins de retards : 87 % et 80 % déclarant un fonctionnement normal

- Situation mitigée en ce qui concerne l'utilisation de la capacité des installations d'entreposage et de stockage, car l'impact de la contagion varie de plus en plus d'une région à l'autre, avec une légère tendance générale à la sous-utilisation, en particulier dans les pays sortant du confinement.

- Seuls 13 % des participants mentionnent être confrontés à une pénurie de dockers, ce qui est le plus faible niveau depuis le début de l'enquête. Toutefois, dans plus d'un port, il y a 30 % de travailleurs de plus de 60 ans qui ne sont pas disponibles ou au chômage parce qu'ils appartiennent à une catégorie à risque.

 

 

 

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