Avec l’effondrement du pont Morandi, Gênes est coupée en deux et chaque partie est quasiment coupée en deux. La circulation est difficile et certains parlent de retombées économiques importantes notamment au niveau des activités portuaires. Constat d’Ignazio Messina administrateur délégué du groupe Messina spécialisé dans le transport RO-RO et conteneurs.
Actu Transport & Logistique : Quels sont les grandes priorités au niveau des infrastructures locales ?
Ignazio Messina : Avec l’effondrement du pont Morandi, une partie du réseau ferré est hors circuit et la circulation des trains est bloquée.Il faut intervenir rapidement pour éviter un blocus du trafic dès la mi-septembre avec la rentrée des classes et la réouverture des entreprises qui ferment chaque année pendant le mois d’août.
Selon les estimations, il faudrait mettre en circulation mille camions supplémentaires pour compenser le manque de trains et pouvoir écouler les marchandises. Cela va créer inévitablement des problèmes important au niveau de la circulation.
En ce qui nous concerne, nous utilisons beaucoup le transport sur le fer et nous allons devoir renforcer notre volume de trafic routier. Mais nous sommes prêtes à étudier des parcours alternatifs et à rouler de nuit pour éviter d’impacter la circulation de jour. Nous sommes aussi prêts à ouvrir nos terminaux la nuit.
ATL : Le trafic avec la France risque t-il d’être perturbé ?
I.M.: Selon les estimations de certains opérateurs, la situation ne devrait pas beaucoup bouger sauf en ce qui concerne les camions qui passent par Gênes pour aller dans le centre du pays, c’est à dire vers la Toscane, l’Emilie-Romagne et le Latium. Les chauffeurs vont devoir emprunter des autoroutes alternatives, ce qui veut dire parcourir environ une centaine de kilomètres en plus. Ceci risque d’impacter les coûts. En revanche, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour les camions qui partent de Gênes vers la France et l’Espagne.
ATL : Le gouvernement italien accuse la société Autostrade d’être le seul responsable de l’effondrement du pont. Quel est votre sentiment ?
I.M. : Nous avons peu d’informations à part ce que nous lisons dans la presse. Il est certain que la société Autostrade a une responsabilité importante dans ce drame. Mais il est aussi vrai, que le ministère des Infrastructures et des Transports devait superviser les opérations de manutention et plus globalement, de remise en ordre.
Avant d’intervenir sur la structure, Autostrade devait présenter un plan des travaux et des opérations de manutention qui devait être examiné par une commission ministérielle spéciale.
Visiblement, ceci n’a pas été fait. Le pont a toujours eu des défaillances structurelles depuis sa construction, dans les années 90 par exemple, les tirants ont été renforcées mais seulement sur une partie du pont.
D’autres travaux de renforcement étaient prévus mais ils n’ont pas été fait en temps et en heure. L’enquête est en cours et il faut attendre les résultats. Mais je crois qu’il faut évaluer chaque part de responsabilité et cela des deux côtés.
ATL : Quelles peuvent être les retombées économiques pour la ville de Gênes de l’effondrement du pont ?
I.M. : Des travaux sont déjà en cours pour remettre le réseau routier en état, créer des parcours alternatifs. Certains opérateurs portuaires pourraient être tentés de déplacer leurs activités vers le port voisin de La Spezia par peur et par manque de confiance. Le groupe Messina ne bougera pas de Gênes, nous participerons à l’effort collectif. Et nous avons déjà averti nos clients, que nous ne retoucherons pas nos tarifs, nous dresserons un bilan d’ici quelques mois. Pour le moment, nous voulons démontrer que le port peut fonctionner.
