Christophe Schmitt, président de la commission Logistique urbaine de l’organisation de transporteurs Union TLF et directeur des relations institutionnelles du groupe Heppner, répond aux questions de France Routes sur la mise en place complexe des ZFE.
Crédit photo : Christophe Barette
Pour la logistique urbaine et le transport routier de marchandises, la ZFE, c'est une carotte ou un bâton ?
Les deux ! Le bâton dans la mesure, où il y a des règles restrictives et contraignantes, et puis la carotte car il y a des aides. Mais celles-ci sont insuffisantes. Pour les professionnels du transport, le bâton est aujourd’hui plus important que la carotte.
La mise en place des ZFE fait débat car, la réglementation change selon les territoires. Que prônez vous ?
Nous avons fait dix propositions pour réussir les ZFE qui ont été adressées aux élus. La première d’entre elles est l’harmonisation. Si nous ne trouvons pas une certaine forme d’harmonisation, cela va être compliqué pour les professionnels. Nous pensons qu’elle pourrait se faire à l’échelle de la région, pour éviter des règles complétement différentes à 50 km d’écart, comme par exemple entre Lyon et Saint-Etienne...
Heppner, le transporteur qui vous emploie, a entamé la décarbonation de sa flotte de camions...
Heppner est une entreprise engagée dans la transition écologique. L'investissement est lourd, mais à la fin de cette année nous aurons 25 % de notre parc moteur décarboné.
Vers quel carburant ou énergie vous orientez-vous ?
Cette décarbonation se fait en fonction des endroits : électrique, gaz, biocarburant B100 ou XTL, nous choisissons la solution la mieux adaptée au secteur desservi. Nous formons nos salariés à l’éco-conduite, ce qui nous a permis de diminuer nos rejets de plus de 10 %.
Et sur le long terme, quel type de camion choisira Heppner ?
La vision à long terme n’est pas claire : véhicules Crit'Air 3, 2 ou 1 interdits, nous traversons des ZFE dont les règles seront différentes. La liste des dérogations est longue comme le bras, elle dépend de chaque territoire. Or, si nous n'avons pas de vision à long terme, comment pouvons-nous investir sans se tromper ? Regardez ce qui s’est passé avec l’achat de véhicules au gaz. Heppner a choisi d‘investir dans toutes les énergies pour étaler le risque.
Le secteur du transport routier est-il écouté des élus ?
Oui, nous sommes écoutés. Sur la première proposition d’harmonisation, nous avons une réponse concrète avec la création d’un comité de coordination des ZFE. Les élus comprennent le danger social qui existe derrière tout cela. Des villes réadaptent leur dispositif pour éviter aussi une crise sociale, des interdictions trop contraignantes pour les particuliers.
ZFE, le Top 3 des solutions selon Christophe Schmitt de l'Union TLF
1 / Harmonisation et simplification des règles.
2 / Effort sur l’avitaillement pour déployer les énergies nouvelles dans les villes.
3/ Aides à l'acquisition de véhicules décarbonés.
Pour consulter les 10 propositions de l'Union TLF, cliquez sur ce lien :
https://e-tlf.com/nos-travaux-et-publications/reussir-le-deploiement-des-zfe-m-nos-10-propositions/
