Cette nouvelle visite périodique inquiète tout particulièrement l'univers des camions décorés, comme en témoignent les questions et commentaires postés sur les réseaux sociaux. Car qui dit préparation, dit modifications et accessoires pas toujours appréciés des contrôleurs, qu'ils soient employés de la maréchaussée ou d'une entreprise privée qualifiée.
D'aucuns craignent que leur camion, préparé à grand renfort de feux additionnels et autres leds, pare-chocs, casquette, ne puissent plus passer au CT, et donc circuler. "C'est la fin des décorés, les show trucks vont être à pleurer désormais", lit-on sur les réseaux sociaux.
FranceRoutes, dont le slogan est : "La passion du camion", et qui organise trois shows trucks de dimension internationale dans l'année (lors des Grands-Prix Camions du Castellet, de Magny-Cours et du Mans), ne pouvait passer à côté d'un article sur cette nouvelle règlementation. Dans le n°433 d'avril 2018, nous en avons publié un qui présentait les principales évolutions du CT PL, et livré quelques conseils aux propriétaires de ces magnifiques véhicules (pages 14-15).
Exceptionnellement, nous vous offrons la possibilité de consulter cet article en format Pdf en cliquant sur ce lien : France Routes 433 Contrôle technique
S'il est clair que le le CT PL est plus draconien et plus cher depuis le 20 mai, il n'annonce pas la fin des camions décorés.
Contraintes plus lourdes sur le propriétaire
Ce qui fait peur, c'est l'arsenal de contraintes supplémentaires mis à disposition des contrôleurs, qui sont salariés d'entreprises privées :
- Lors de la visite, qui s'effectue en présence du conducteur ou d'un mécanicien du point d'après-vente, l'opérateur contrôlera 157 points du véhicule et 9 fonctions. Les anomalies possibles sont au nombre de 734, répertoriées en 165 défaillances mineures, 413 défaillances majeures et 156 défaillances critiques (voir l'article ci-joint).
- Les niveaux de défaillance énoncés dans la directive européenne prenant effet le 20 mai 2018 sont plus sévères et dans les cas critiques, le véhicule a seulement le droit de rejoindre le lieu d'intervention le soir même de la visite !
Néanmoins, l'important pour l'Etat est de vérifier la sécurité des véhicules. L'entretien du camion, s'il est fait scrupuleusement, reste un élément important. Et l'état des éléments de sécurité, prépondérants.
Les deux points sensibles surtout dans le cas des décorés, restent les feux additionnels et les protections de type pare-buffle. Ce qui n'est d'ailleurs pas nouveau…
Sous les feux de la rampe
La principale interrogation relative aux véhicules préparés porte sur les feux additionnels. Rampes, leds (diodes électroluminescentes en français) seront certainement plus scrutés désormais, par des contrôleurs qui disposent d'un nouveau type de réglophare, utilisé depuis juin 2017.
- La réglementation n'est pas nouvelle : la décoration par des feux colorés doit respecter la couleur blanche sur la face avant, orange sur les côtés et rouge sur l'arrière.
- Sur la face avant, le nombre de feux de croisement est strictement limité à deux. En revanche, les feux de route peuvent être au nombre de deux, quatre ou six. Cette règle est valable si ces feux sont allumés à l'aide du commutateur d'origine.
- Le conseil à suivre : Les rampes de phare peuvent être considérées comme des feux de travail, mais dans tous les cas leur allumage doit être commandé par un commutateur indépendant.
De l'importance de la taille
Attention à l'augmentation de la longueur totale du véhicule, qui en aucun cas ne doit dépasser la longueur maxi autorisée par le Code. Or, un pare-buffle par exemple, contribue à augmenter la longueur du véhicule.
L'intérieur se dévoile
L'intérieur de la cabine donne désormais lieu à un examen plus approfondi :
- la visibilité depuis le poste est vérifiée ;
- la fixation des éléments rapportés est contrôlée afin d'éviter tout risque de chute qui peut perturber la conduite.
Ne pas confondre contrôle technique et homologation
Attention aux amalgames : le contrôle technique est renforcé depuis le 20 mai, d'accord. Mais ce qui prime avant de préparer un véhicule reste la transgression de son homologation initiale aux Mines. Un véhicule motorisé quel qu'il soit, mis en circulation sur le sol français, doit être conforme au document d'homologation par type fourni par le constructeur au service des Mines. Et en France, pas de chance par rapport à certains pays voisins, l'esprit d'initiative pour jouer avec le règlement est plutôt étroit.
Concernant les poids lourds, la carrosserie et les équipements annexes doivent également satisfaire à la réglementation sur les poids et dimensions figurant dans le Code, et répondre aux critères de sécurité.
Il s'agit donc, lors d'une préparation, de ne pas faire n'importe quoi. Car, mêmesi le propriétaire peut échapper à certaines restrictions liées au CT en désinstallant temporairement des accessoires de tuning, cela ne l'empêchera pas d'être susceptible de subir un examen pointilleux lors d'un contrôle routier. Qui, par définition, est inopiné.
La marge de manœuvre se restreint
Certes, le nouveau CT est plus contraignant, donc les conducteurs et propriétaires de camions doivent être plus vigilants sur l'entretien et les modifications portées à leur véhicule. La marge de manœuvre se restreint pour les décorés, mais elle existe encore.
Certains points, comme le contrôle des accessoires fixés à l'intérieur de la cabine, seront sans doute diversement appréciés selon le contrôleur auquel vous aurez à faire, ses connaissances du camion et sa passion pour ce véhicule, voire les directives transmises par l'enseigne à laquelle son centre appartient. Rien ne vous empêche, les routiers, de communiquer entre vous pour identifier, dans un périmètre géographique défini, les professionnels du CT les plus aptes à apprécier une préparation camion.
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