20 ans de radars automatiques en France... pour quel bilan ?

Crédit photo Pascal Piérart
Vies sauvées ou pompes à fric ? Le débat fait rage depuis 20 ans et la mise en place du premier radar automatique en France. Durant deux décennies les radars se sont multipliés. Demain, ils pourront sanctionner de nouvelles infractions. Problème, l’aspect pédagogique a disparu et l’argent des PV ne bénéficie pas forcément qu’à la sécurité routière...

Souvenez-vous, il y a 20 ans... Le 27 octobre 2003, sur la RN20 près de la commune de La Ville du Bois dans le département de l’Essonne, Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur et Gilles De Robien, ministre des Transports, inauguraient le premier radar automatique.

20 ans après, du radar première génération au radar de vitesse discriminant en passant par le radar feu rouge, le territoire en dénombre plus de 4 600 selon la Sécurité Routière.

Bilan : verre à moitié vide, verre à moitié plein... Les radars ont été bénéfiques pour le nombre de vies qu'ils ont contribué à épargner, selon Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention Routière : « Ces radars sont des outils essentiels pour la lutte contre l’insécurité routière. La mortalité a baissé grâce à eux ».

Difficile cependant de déterminer le nombre exact de morts évités, car le Code de la route et les véhicules ont aussi évolué, notamment avec les outils électroniques d'assistance à la conduite. De plus, l’effet des radars s’essouffle, car les usagers de la route adoptent des stratégies de contournement. À la vue d’un radar, certains usagers freinent, puis accélèrent juste après. Depuis dix ans le nombre de décès dûs à un accident de la route n'est pas descendu sous les 3 260 par an.

Aveu d'échec. Un aveu d’échec pour l’association 40 Millions d’Automobilistes », qui elle aussi a fait ses comptes : « En 20 ans, les radars automatiques français ont engrangé la coquette somme de 12,5 milliards d’euros. On recense 15 millions d’infractions à la vitesse verbalisées chaque année. Ce qui occasionne notamment 8,2 millions de points retirés des permis de conduire l’an dernier pour des excès de vitesse inférieurs à 20 km/h ».

Déshumanisation. Radar autonome, radar tronçon, radar embarqué dans un véhicule, une dizaine de types d'appareils quadrille le territoire. Anne Lavaud, regrette le manque de pédagogie de ces sanctions automatisées : « La sanction est déshumanisée. Avec un agent aux bord de la route, il y a un dialogue. Une pédagogie que nous ne retrouvons pas avec un radar automatique. La Prévention Routière propose depuis des années de remettre une dose de prévention et de pédagogie. Nous avions suggéré que les contrevenants suivent une formation plutôt qu’avoir des sanctions ».

Recette. En 2022, les radars ont rapporté 707 millions d'euros. Seulement 54 % de cette recette a été affectée à la sécurité routière, selon la Cour des comptes. L’argent récolté bénéficie aux collectivités locales, au désendettement de l’Etat, aux fonctionnements des radars... Moins de 10 % du produit des amendes a été reversé à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France.

Pétition. Le rapport de la Cour des comptes a poussé 40 millions d’automobilistes à lancer sa pétition pour que « les usagers de la route s’expriment sur les dépenses de sécurité routière et de mobilité qu’ils jugent nécessaires pour réduire l’accidentalité routière. Et pour améliorer l’accès de tous à l’automobile, à travers des mesures qui pourraient être financées grâce aux contraventions collectées par les radars ».

15 infractions sanctionnables. Depuis juillet 2023, le Code de la route a changé. La loi fixe 15 infractions qui pourront être sanctionnées par les radars automatiques homologués : s'ajoutent au contrôle de la vitesse ou du respect des feux tricolore, l’interdiction d’utiliser son téléphone au volant, les distances de sécurité non respectées, la circulation dans une voie de circulation interdite...

Pas sûr que cette dernière mesure apaise les débats.


20 ans de radars automatiques

  • 27 octobre 2003 : Premier radar de vitesse fixe inauguré à La Ville du Bois dans l’Essonne sur la RN 20.
  • 26 janvier 2004 : Premier radar de vitesse embarqué mis en service.
  • 3 juillet 2009 : Premier radar feu rouge mis en service au Vésinet dans les Yvelines.
  • 15 mars 2011 : Premier radar discriminant à Saint-Ferréol d’Auroure en Haute-Loire sur la RN 88.
  • 20 juin 2012 : Premier radar de vitesse moyenne installé sur la RN 57 à Beure près de Besançon.
  • 26 mars 2012 : Premier radar de passage à niveau installé à Jonches dans l’Yonne.
  • 19 mars 2013 : Premier radar mobile de nouvelle génération (voiture radar) mis en service
  • 4 juillet 2015 : Premier radar autonome
  • 8 février 2016 : Premier itinéraire-leurre

Réglementation

Social

Routier

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15