"L'intermodalité ? On n'en a jamais autant parlé, et pourtant il n'y en a jamais eu aussi peu". Mathieu Duval, directeur général de Lyon Terminal, sait de quoi il parle, lorsqu'il remarque cette "incohérence" que constitue, dans l'Hexagone, la présence de modes massifiés qui, paradoxalement, sont sous-utilisés. C'est pourquoi le cluster logistique Rhône-Alpes (CLRA) veut profiter de 2010 pour reposer de fond en comble le sujet de l'intermodalité en démarrant par un séminaire au cours duquel chaque mode de transport était invité à la barre, le 19 mai.
Chaque mode a sa vision de l'intermodalité !
Pour Noël Comte, président du CLRA et directeur général de Sotradel, le mal est bien connu. "L'intermodalité a toujours été abordée comme un mode de transport spécifique et tous les projets intermodaux qui apparaissent sont tous établis sans mise en cohérence de l'ensemble". En fait, chaque mode a sa propre vision de l'intermodalité : "L'opérateur ferroviaire a son projet, les acteurs fluviaux le leur. Et c'est ainsi, note Mathieu Duval, qu'on en arrive à la situation lyonnaise où nous avons deux chantiers combinés qui se font concurrence, un fluvial et un ferroviaire".
Fédérer des initiatives exemplaires
Pour les acteurs du CLRA, le problème vient d'abord de la méconnaissance des autres modes, ce qui engendre méfiance, peur et rivalité. "Le mode était souvent reçu comme une culture ; or là, nous passons de la culture à l'outil", souligne Noël Comte.
Dernier cluster économique à avoir été labellisé, le CLRA, plutôt que de jouer seul sa partition, veut se mettre à la disposition de ses homologues, en les accueillant ou en les rejoignant. Objectif : faire sortir la logistique, qui représente 7% de l'emploi total de Rhône-Alpes soit 157 000 postes, du purgatoire dans lequel elle a longtemps été tenue. Selon les dirigeants du cluster, cette activité a tardé à être reconnue comme un pôle économique majeur, en raison de son cloisonnement mais aussi parce qu'elle a toujours été considérée dans les entreprises comme un centre de coûts sur lequel il fallait "mettre la pression", alors qu'elle est "au contraire, source de valeur ajoutée".
Exemple avec les livraisons urbaines nocturnes, l'un des sujets sur lesquels le CLRA souhaite avancer en 2010, de concert avec les autres clusters impliqués (tel le Lyon Urban Trucks & Bus). "L'objectif est de fédérer et de développer les initiatives exemplaires qui pourraient être valorisées sous l'égide d'un événement de dimension européenne", dit-on au CLRA. En la matière, alors que de plus en plus d'expérimentations voient le jour, Noël Comte remarque que pour aller plus loin, "il faut une volonté politique d'organisation de la société, des professionnels de la distribution et des structures d'accueil".
Lire la suite de cet article dans Transports Actualités n°942 du 28 mai 2010 (réservé abonné)