L’ouverture de la concurrence dans le fret ferroviaire a induit une profonde réorganisation

La libéralisation du fret ferroviaire a rabattu les cartes du secteur. du côté des entreprises privées.

Crédit photo © Europorte
Alors que le transport ferroviaire de voyageurs s'apprête à plonger à son tour dans le bain de l'ouverture à la concurrence, les acteurs du fret ont apporté leur témoignage, lors d’un colloque organisé au Sénat il y a quelques jours. En substance, les intervenants ont défendu l’idée que le secteur était plutôt bien préparé.

À la veille de l’ouverture à la concurrence des services ferroviaires de voyageurs, le retour d’expérience de la libéralisation du fret a fait l’objet d’un débat lors d’un colloque organisé au Sénat le 24 octobre. Baisse des trafics, absence d’efficacité du système, infrastructures peu fiables, politique tarifaire nébuleuse, etc. : il est désormais coutumier d’entendre que le marché n’était pas prêt.

Pourtant, "les entreprises ferroviaires comme les clients et les commissionnaires n’étaient pas mal préparés", revendique Pascal Sainson, président d’Europorte. Un avis partagé par Patrick Nierat, économiste à l’IFSTTAR qui estime que "seuls l’État et la SNCF se sont laissés surprendre".

Une réorganisation salutaire

En coulisses, il semblerait que cette libéralisation a rabattu les cartes du secteur. "Elle s’est aussi traduite par une réorganisation salutaire au sein des entreprises ferroviaires privées",  observe Patrick Nierat.

En effet, "commercialement la durée d’engagement moyenne de nos contrats est aujourd’hui de dix ans. Socialement nous sommes parvenus à mettre sur pied notre convention collective dans les deux ans qui ont suivi la libéralisation et nos statistiques en matière de sécurité ne nous font pas rougir. Aujourd’hui, ce qui nous différencie de la SNCF, c’est que nous ne savons pas vendre à perte", résume Pascal Sainson.

Un match France-Allemagne

Au cours du débat, la comparaison avec le fret allemand, ouvert à la concurrence depuis 1994, a mis en perspective des stratégies politiques et économiques différentes. "L’Allemagne a su conserver son industrie et sa production intra muros. En France, nous avons externalisé notre production et nous importons beaucoup plus que nous n’exportons", distingue Renée Ingelaere, vice-présidente de la section des activités économiques du Conseil économique social et environnemental (CESE).

Autre différence : une approche multimodale peut-être plus développée outre-Rhin. "Géographiquement, l’Allemagne est située à proximité des ports du Range Nord, dont les flux portent beaucoup l’activité ferroviaire", analyse Patrick Nierat.

Une piste législative

Souhaitant profiter de l’appel d’air de l’ouverture du marché voyageurs, plusieurs sénateurs s’apprêtent à déposer une proposition de loi, dont quelques préconisations pourraient impacter le fret. "Nous demandons la mise en place d’un dispositif contraignant d’accès aux données du gestionnaire d’infrastructure, le transfert de matériels roulants aux opérateurs ou la création d’une entreprise de location de matériels roulants", cite Hervé Maurey, sénateur de l’Eure et président de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.

Sur le terrain, les avis divergent quant à la gouvernance. "La stratégie ne doit plus venir de l’État mais des entreprises", assure Renée Ingelaere. Les élus de terrain semblent également faire parti des interlocuteurs dont le rôle est susceptible d’évoluer. "Il faut que les collectivités locales encouragent les logisticiens ou les chargeurs à implanter leurs plates-formes à proximité d’une connexion ferroviaire et/ou fluviale", estime Patrick Nierat.

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