Imaginez une supply chain vaccinée contre les virus

Y aura-t-il un avant et un après Covid-19 du point de vue de la conception des supply chains mondialisées ? Il est évidemment encore trop tôt pour le dire. Mais il y a fort à parier qu’à peine trois mois en arrière, en lisant le titre de cet édito, vous auriez pensé en premier lieu que je voulais parler de virus de nature informatique, tant il est vrai qu’à l’ère de la supply chain connectée, cette menace réelle est déjà bien identifiée par tout bon spécialiste de la gestion des risques. Au-delà du très sérieux problème de santé publique qui se pose désormais au niveau mondial, le coronavirus aura donc apporté la preuve que l’effet papillon sur la supply chain n’est pas réservé aux catastrophes naturelles, aux incendies, aux changements politiques ou aux cyberattaques. La supply chain de l’électronique et celle de l’automobile, la championne des flux tendus, ont été fragilisées. Plus globalement, la mise au ralenti de l’outil de production chinois et des moyens de transport entre l’Asie et l’Europe peut impacter de nombreuses autres filières importatrices. Même s’il reste encore relativement discret, le secteur pharmaceutique est lui aussi concerné par les risques de rupture d’approvisionnement liés au Covid-19, sachant que 80 % des principes actifs d’un médicament proviennent de Chine ou d’Asie.

À l’heure où j’écris ces lignes, la Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l’électronique (Ficime) a déjà mis à la disposition de ses adhérents un document type et une circulaire juridique pour tenter de se couvrir face à d’éventuelles pénalités de retard exigées par des clients. Elle demande aussi au gouvernement de reconnaître le Covid-19 comme un cas de force majeure. Ce dernier est d’ailleurs bien conscient des risques que ces potentielles ruptures sur les supply chains (qu’il nomme « chaînes de valeur ») font peser sur l’économie. Sur le long terme, le ministre de l’Économie et des Finances a d’ailleurs annoncé l’ouverture d’un chantier sur l’analyse des vulnérabilités stratégiques d’approvisionnement de toutes les filières industrielles françaises, afin d’identifier là où il serait indispensable de rétablir une indépendance économique et/ou stratégique. La logique de relocalisation industrielle, peu suivie jusqu’à présent par les entreprises, pourrait peut-être gagner en crédibilité économique et politique, avec cette nécessité de vacciner les supply chains mondiales contre les virus. À condition bien sûr de ne pas avoir perdu totalement l’expertise et le savoir-faire industriel. De plus, le rapprochement entre bassins de production et de consommation pourrait avoir une autre vertu : celle de raccourcir les circuits, y compris pour les flux retour, dans la perspective d’une montée en puissance de l’économie circulaire !

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Imaginez une supply chain vaccinée contre les virus

Crédit photo Jean-Luc Rognon

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  • Jean-Luc Rognon

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