Secteur essentiel pour l’économie, pour l’approvisionnement des ménages, le transport ne parvient pas à embaucher. Un phénomène qui se ressent aujourd’hui dans plusieurs pays européens, avec des rayons vides ou des stations-service à sec. Les pénuries de main-d’œuvre concernent plusieurs secteurs, avec 300 000 postes à pourvoir, selon une étude de la Banque de France. En face, bien que le taux de chômage soit au plus bas depuis treize ans – à 7,6 % d’ici à la fin de l’année selon l’Insee –, se trouvent 3,5 millions de demandeurs d’emploi en catégorie A (sans activité). Un paradoxe que tente d’endiguer le gouvernement, avec le lancement d’un plan d’aides aux entreprises visant à combler les besoins en main-d’œuvre de plusieurs secteurs en manque de candidats, notamment par la formation. Un dispositif qui conviendrait aux reconversions, l’une des voies exploitées par le secteur pour augmenter ses effectifs.
Autre voie explorée : l’intégration dans le secteur dès le plus jeune âge, avec l’alternance. Et sur ce point, les aides de l’État ont porté leurs fruits puisque les chiffres de l’alternance ont enregistré une forte hausse (voir notre Grand Angle pages 24 à 27). Peu prisé jusqu’alors dans le transport, l’apprentissage décolle. Une formule qui s’avère gagnante, puisque ce mode de formation permet d’intégrer les jeunes dans une entreprise en les immergeant dans le milieu professionnel, ce qui les fidélise. Et, si le secteur peine à attirer, il semble néanmoins convaincre ceux qui ont sauté le pas. Une fois entrés, peu de salariés choisissent de le quitter.
Un frein se pose toutefois avec l’apprentissage : l’âge pour conduire un camion, fixé à 21 ans en France, bride à la fois les entreprises qui ne peuvent pas immédiatement placer leurs apprentis sur un poste de conduite, et les jeunes qui, alors que le choix de l’orientation se décide avant l’âge de 16 ans, ne peuvent pas se projeter sur ce métier. L’une des solutions étudiées par l’Union européenne pour pallier cette adéquation est d’abaisser l’âge de la conduite à 18 ans, et d’introduire la conduite accompagnée à partir de 16 ans. Une solution qui aurait tout intérêt à être rapidement déployée, alors que 50 000 postes de conduite restent à pourvoir aujourd’hui en France et devraient grimper à 200 000 d’ici quinze ans.