Le transport routier se trouve à nouveau mis en avant dans les médias. Comme pour la période de confinement au printemps 2020, l’économie se trouve suspendue au bon fonctionnement du secteur transport et logistique. Là où les magasins risquaient de ne plus pouvoir être approvisionnés à cause des diverses restrictions sanitaires, cette fois, c’est le manque de conducteurs qui met en péril le bon roulement de la supply chain à travers l’Europe. Accentué par des causes politiques, comme le Brexit, et les conséquences de la crise sanitaire – une hausse de la consommation et une pénurie de matières premières –, le phénomène ne devrait pas s’amoindrir. La pyramide des âges des conducteurs, élevée, rappelle que les départs à la retraite seront nombreux dans les prochaines années en France, un tiers des effectifs de conducteurs d’ici à 2035. Près de 50 000 postes sont actuellement à pourvoir ; les besoins devraient grimper à 100 000 dans cinq ans et à 200 000 d’ici quinze ans.
La situation en France reste loin de celle du Royaume-Uni, où un tiers des stations-service se retrouvent à sec, obligeant le gouvernement à accorder dans l’urgence 10 500 visas de travail de trois mois à des conducteurs étrangers et d’envisager le recours à l’armée pour combler temporairement le manque de chauffeurs routiers. Mais la pénurie de main-d’œuvre inquiète les transporteurs qui se trouvent limités dans l’expansion de leurs nouveaux marchés, voire doivent laisser des camions à l’arrêt, faute de conducteurs.
Et, si le premier confinement avait mis les conducteurs sous le feu des projecteurs, démontrant tout le sens de leur métier, l’engouement du grand public s’est vite estompé. Le travail de fond sur l’apparence du métier, amorcé à partir de 2016 avec les prémices des difficultés de recrutement, doit se poursuivre. L’image d’un routier partant des semaines sur les routes n’est plus d’actualité, tout comme les difficultés à manœuvrer les camions, puisque ces derniers se trouvent maintenant dotés de multiples technologies facilitant la conduite. Des atouts mis en exergue lors des divers événements rassemblant la profession, notamment lors des 24 heures Camions du Mans qui se sont déroulés le week-end dernier et ont rassemblé pas moins de 48 000 passionnés de la conduite.