Le Japon menacé d’une grave crise de la logistique

LKW Panorama

Selon le cabinet de conseil Roland Berger, le nombre de chauffeurs de camion devrait diminuer de 20 % dans le pays d’ici 2030.

Crédit photo Adobestock / m.mphoto
Le gouvernement japonais s'est lancé dans une réforme sur le temps de conduite des roulants. Objectif : limiter les heures supplémentaires, très importantes pour les chauffeurs dans la mesure où elles leurs permettent d'arrondir leur fin de mois. Son entrée en vigueur doit intervenir dans un an et déjà le secteur évoque une grave crise en perspective.

L'info. La réforme de la réglementation pour les chauffeurs de poids-lourds annoncée par le gouvernement japonais doit entrer en vigueur le 1er avril 2024.

Plafonner le temps de conduite. L’objectif du texte est de limiter à 960 heures par an le temps passé derrière le volant. Le projet provoque déjà un vif débat dans le pays où le secteur redoute une grave crise de la logistique.

Selon Tokyo, la réforme devrait améliorer les conditions de travail des conducteurs de poids-lourds, qui effectuent aujourd’hui de nombreuses heures supplémentaires, pour arrondir leurs fins de mois.

La problématique. Selon les estimations, un chauffeur professionnel japonais gagne en moyenne 4,46 millions de yens, soit 10 % de moins que le salaire moyen du pays alors que son temps de travail est supérieur de 20 % à la moyenne nationale.

Pour s’en sortir de nombreux routiers acceptent en effet les heures supplémentaires, et passent plus de 40 h par semaine au volant.

Lutter contre la pénurie. "La réforme rendra la profession plus attrayante, dans un contexte de pénurie en routiers", estime le gouvernement dans un communiqué.

Selon le cabinet de conseil Roland Berger, le nombre de chauffeurs de camion devrait en effet diminuer de 20 % dans le pays d’ici 2030, ce qui aura des répercussions sur la troisième économie mondiale, derrière les USA et la Chine.

Pas convaincus. Mais le projet de loi est loin de convaincre les intéressés. Selon les représentants du secteur, la future loi sur les heures supplémentaires les exposera plutôt à la pauvreté et les obligera à abandonner le métier, car le salaire de base en vigueur dans la profession ne leur permet pas de vivre décemment.

Un secteur en crise. Déjà, le secteur de la vente et de la logistique redoute une aggravation de la pénurie en conducteurs, liée à "la crise de 2024". Selon les estimations, le texte pourrait entraîner un préjudice de 70 milliard d’euros, si un tiers des chargements ne peuvent plus être assurés.
D'autant que 98 % des 62 000 entreprises de transport de marchandises dans le pays sont de petites entreprises.

Une augmentation des coûts. La concurrence acharnée et les prix élevés du carburant font monter la pression sur les conducteurs, malgré la pénurie de main d’œuvre.

Une enquête menée par le gouvernement japonais a révélé que les transporteurs ne peuvent répercuter sur les prix que 20 % de l’augmentation de leurs coûts, ce qui rendra très difficile l’embauche de nouveaux salariés pour compenser les heures de travail supprimées à compter d’avril 2024.

Des contre propositions. Face à la grogne, le premier ministre japonais a demandé en mars à son cabinet d’élaborer d’ici juin des propositions de mesures "contre la crise 2024". Parmi les mesures évoquées, il est question d’une voie réservée aux camions autonomes, sur 100 km, entre Tokyo et Nagoya et d’une route aérienne pour les drones de livraison.

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