Tema Transport & Logistique : Qu’est-ce qui a poussé WISTA France à créer le cercle de Femmes Administratrices du Maritime (FAM) ?
Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre : La filière maritime, comme beaucoup d’autres secteurs, souffre d’une insuffisante présence des femmes et ce à tous les échelons. La composition des instances de direction des entreprises publiques comme privées de la filière le confirme, les femmes sont peu, voire pas du tout présentes. Actuellement, le taux de féminisation du secteur n’est que de 21 % tous postes confondus. Partant de ce constat, WISTA France lance ce cercle FAM pour dire à la communauté maritime qu’il y a des femmes expérimentées, compétentes et expertes pour intégrer des conseils d’administration ou de surveillance. Notre démarche se veut proactive.
TTL : Comment cela va-t-il se traduire dans les faits ?
M.-N. T-D. : WISTA France regroupe 150 membres occupant des postes de responsabilités, basés à Paris et dans les villes portuaires. Aujourd’hui, notre « vivier » au sein de WISTA France compte 20 femmes identifiées, déjà administratrices ou ayant le profil et la motivation pour le devenir.
Si des instances de gouvernance ont besoin de renouveler les membres de leur conseil, elles peuvent nous le faire savoir en nous indiquant les profils et les compétences recherchés. Nous sommes une solution pour rapprocher les besoins et les profils et, concrètement, je suis le point de contact.
TTL : Qu’est-ce qui limite la féminisation des métiers de la filière maritime à l’heure actuelle ?
M.-N. T-D. : D’une part, dans les secteurs liés à la mer, les métiers ont longtemps été considérés comme masculins. Les stéréotypes ont la vie dure. Il a fallu plusieurs années pour que les femmes investissent les écoles et les formations qui débouchent sur ces métiers. D’autre part, même si le taux de féminisation évolue, un plafond de verre existe dans le monde maritime, comme dans d’autres secteurs. Des marges d’amélioration sont possibles. Mais c’est aussi aux femmes de prendre leur courage à deux mains pour faire sauter ce plafond de verre, en faisant savoir qu’elles souhaitent apporter leur plus-value et leur vision pour contribuer davantage au développement de leur entreprise. Certaines l’ont fait, c’est donc possible. C’est pourquoi WISTA met régulièrement en avant des parcours particulièrement inspirants.
TTL : Comment travailler l’attractivité du secteur pour encourager les femmes à le rejoindre ?
M.-N. T-D. : WISTA y contribue en faisant connaitre, dès le collège, les opportunités qui sont offertes dans le monde maritime. L’objectif est de montrer aux jeunes filles qu’il y a toute une palette de métiers passionnants en mer et à terre, et que de nombreuses entreprises recrutent. Ce sont des métiers d’avenir et les femmes y ont toute leur place !
D’autres associations ont également lancé des actions pour renforcer l’attractivité de ces métiers auprès des femmes. Je m’emploie à rapprocher ces différents acteurs pour améliorer la performance collective.
