Les syndicats FO et CGT du transport ont brandi la menace dès le début de leur mouvement, le 16 mai 2016 dernier : si le gouvernement ne retire pas la loi El Khomri, c’est le (bon) déroulement de l’Euro de foot qui en fera les frais. Les blocages de dépôts de carburant, de raffineries pétrolières et de plateformes logistiques, les opérations escargot et autres barrages filtrants n’ont pas eu raison de la détermination du gouvernement à ne pas céder.
Les deux syndicats – suivis par FSU, Solidaires, Unef, UNL et FIDL – passent donc à la phase 2 de leur plan d’actions. Leur curseur cible à présent l’Euro de foot qui débute le 10 juin, avec le match d’ouverture, à Saint-Denis, entre la France et la Roumanie.
"Une ville, un match, une action"
FO Transport s’est même doté d’un slogan pour sa communication interne en direction des militants : "Une ville, un match, une action". L’ensemble des métiers du périmètre transport doit se mobiliser sur les 10 villes* de l’Hexagone qui accueillent la compétition.
Outre le transport routier de voyageurs et de marchandises, les transports urbains, de fonds et de déchets, les ambulanciers et les agents de la RATP sont appelés à agir. "Ce mot d’ordre vaut pour toute la durée de l’Euro, à moins que le gouvernement veuille enfin s’asseoir à la table des négociations. Tout le monde cherche une porte de sortie, mais le gouvernement ne veut pas négocier", déclare Patrice Clos, le patron du transport chez FO.
Même si le gouvernement a lâché du lest sur les heures supplémentaires, le syndicat continue de demander le retrait de la loi travail. Dans sa ligne de mire : l’inversion de la hiérarchie des normes et la réforme du travail de nuit (minuit/5 h au lieu de 21 h/6 h). "Un vrai manque à gagner pour les salariés", estime Patrice Clos.
"L’Euro, c’est 1 mois. Le sort des salariés, des années"
Son homologue de la CGT campe sur la même longueur d’ondes. "Nous avons toujours été très clairs : nous refusons de faire de l’Euro quelque chose de sacré. L’Euro, c’est 1 mois. Le sort des salariés, c’est des années. Comme le gouvernement reste sur ses positions, nous continuons", lâche Jérôme Vérité, qui annonce le dépôt d’un préavis de grève par les transports urbains de Marseille, le jour de France/Albanie (15 juin). Selon ce dernier, la mobilisation dans le TRM déborde du simple cadre des militants.
"Au cours de la première semaine d’actions, nous avons été surpris de découvrir la présence de salariés non encartés. Sans doute que ces salariés ne se déclarent pas forcément comme grévistes dans leurs entreprises", croit savoir Jérôme Vérité, lui aussi très remonté contre le projet sur les heures de nuit. Mais très satisfait, par ailleurs, par l’accord sur la protection sociale signé récemment par quatre organisations syndicales et les fédérations patronales (rapprochement Klesia-IRP Auto).
"Nous n’avons pas encore signé pour le moment car nous sommes accaparés par la loi El Khomri. C’est un bon accord qui apporte des garanties aux salariés. Le secteur envoie, en outre, un très bon message en direction des jeunes, avec des droits nouveaux."
Des actions jusqu’au 14 juin
Les actions qui – sauf retournement de dernière minute – devraient démarrer en fin de semaine, doivent se prolonger jusqu’au 14 juin, date d’une nouvelle manifestation nationale appelée par l’intersyndicale. De nombreuses perturbations sont à craindre pour les déplacements des supporters vers les stades et les fans zones. Dans les airs également, puisque les syndicats de pilote d’Air France appellent à une grève du 11 au 14 juin. Pour la seule grève SNCF (6 jours à ce jour), la SNCF évalue le préjudice à 20 M€ par jour pour le trafic voyageurs et fret.
Selon un sondage BVA pour iTélé et Orange, une majorité (54 %) des Français désapprouve la poursuite des grèves et manifestations contre la loi travail.
* Les 10 villes hôtes de l’Euro sont : Bordeaux, Lens, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Paris, Saint-Denis, Saint-Étienne et Toulouse.
> S'inscrire à la newsletter WK-Transport-Logistique.fr