Des réactions élogieuses, c’était bien la moindre des politesses pour saluer la mémoire de Jacques Barrot, grande figure de la démocratie-chrétienne, décédé brutalement le 3 décembre dans le métro parisien alors qu’il se rendait au Conseil constitutionnel.
Âgé de 77 ans, il avait connu tous les mandats qu’un engagement politique peut offrir à un homme de bonne volonté.
Des fonctions politiques locales puis nationales
À 30 ans, en 1967, il succède à son père comme député de Haute-Loire. S'ensuit une longue carrière locale — il fut maire d’Issingeaux de 1981 à 2001 — et nationale, sous le sceau du Centre, du social et de l’Europe. Pendant trente ans, il occupera à plusieurs reprises des fonctions gouvernementales dans les gouvernements Chirac, Barre et Juppé.
Sa seconde carrière, européenne, commence à partir de 2004 avec la Commission Prodi puis au sein de la Commission Barroso où il endosse le costume de commissaire chargé des Transports (2004-2008) puis celui de la Justice (2008-2009).
À Bruxelles, un défenseur de la co-modalité des transports
Au Berlaymont, siège bruxellois de la Commission, il a surtout fait avancer les dossiers transeuropéens du TRM. Et s’est battu pour imposer un nouveau concept : la co-modalité. "Chaque mode de transport doit faire ce qu’il fait de mieux", disait-il.
Parmi ses combats clés : le Règlement social européen (RSE) sur les temps de conduite et de repos, la révision de la directive eurovignette, le règlement simplifié du cabotage ou encore, dès 2008, la proposition de directive sur les sanctions transfrontalières. Sans compter le projet de radionavigation par satellite Galileo pour concurrencer le GPS américain.
Au reste, ses coups de gueule homériques ne l’empêchaient pas de revenir à l’essentiel, l’intérêt général européen. Respecté par ses adversaires et les journalistes, Jacques Barrot, le "sage" de la rue de Montpensier, était un politique au sens noble du terme.