Amazon intègre Whole Foods dans son système logistique

Nul ne sait encore comment le géant du Net va intégrer plus de 460 magasins Whole Foods dans son dispositif. Son réseau d’éleveurs, pêcheurs et cultivateurs garantit la qualité de ses achats. Sans antibiotiques, sans conservateurs.

Crédit photo WholeFoods
L’achat de Whole Foods devrait permettre à Amazon de multiplier ses ventes de produits frais en ligne, en s’appuyant sur le réseau de fournisseurs et la flotte de magasins de l’épicier. 

Amazon achète la chaîne de supermarchés Whole Foods pour 13,7 milliards de dollars et tous les autres épiciers américains tremblent. Car ils estiment que cette nouvelle alliance va bouleverser la vente de produits frais en ligne. La semaine de l’annonce du futur mariage entre Amazon et Whole Foods, l’action Kroger (2 800 supermarchés) a chuté de 27,6 %. Supervalu a baissé de 13 % et Sprouts Farmers a décliné de 5,2 %. Sans plus attendre la conclusion de l’achat, qui devrait être finalisé au cours du second semestre cette année.

Des consignes Amazon dans les magasins ?

Nul ne sait encore comment le géant du Net va intégrer plus de 460 magasins Whole Foods dans son dispositif. Mais c’est bien connu, Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, aime expérimenter. Il va faire des essais, se tromper parfois et découvrir de nouvelles manières de vendre. Ainsi va Amazon, depuis sa création. Et la compagnie de Seattle disposant de fonds quasi illimités, Jeff Bezos va tranquillement peaufiner sa stratégie à long terme.

La première question que se posent les professionnels de la logistique tourne autour des supermarchés de Whole Foods, 440 magasins aux États-Unis, 12 au Canada et 9 en Grande-Bretagne. Keith Anderson, le patron du groupe d’études Profitero, imagine facilement l’installation de consignes Amazon dans les magasins. Il serait ainsi aisé de développer les formules "click and collect". Le client d’Amazon fait ses courses en ligne et vient les chercher plus tard en boutique. On pourrait même proposer un éventuel retour de marchandises, via Whole Foods.

Un bon système de réfrigération

Les analystes de Wall Street vont encore plus loin. Pour Michael Pachter, de la société de Bourse Wedbush, les magasins de luxe Whole Foods se transformeront en centres logistiques, au service d’Amazon. Lloyd Walmsley et Shane Higgins, les experts de Deutsche Bank, eux aussi imaginent les Whole Foods prendre en main les livraisons de produits bios et frais destinés aux clients d’Amazon.

Et de citer l’exemple de Sprouts Farmer. La chaîne régionale de 12 supermarchés travaille depuis quelque temps avec Amazon. Les commandes des bons clients d’Amazon sont empaquetées dans les magasins Sprouts et livrées dans les 2 heures. On pourrait appliquer la même tactique avec Whole Foods.

"Amazon a trouvé son système de réfrigération aux USA, renchérit Michael Pachter. Jusqu’à présent, le géant disposait de 20 centres correctement équipés pour conserver fruits, légumes, viandes et poissons au frais. D’ici peu, il aura 440 magasins. Une infrastructure suffisamment robuste pour soutenir le développement de l’offre de primeurs d’Amazon.

Un marchand de primeurs rêvé

L’analyste de Wedbush estime que la formule Amazon Fresh n’a jamais vraiment pris. Les clients Prime, prêts à payer 15 $ par mois en sus de leur abonnement annuel pour faire livrer leur épicerie à domicile, ne se sont pas précipités. "Amazon souffre depuis le début d’un problème d’image, dit-il. Les consommateurs ne sont pas convaincus de la fraîcheur de leurs produits." Il n’y a donc pour l’instant qu’un million d’abonnés.

Whole Foods, en revanche, est le marchand de primeurs rêvé. "67 % de ses ventes sont des denrées périssables, note Keith Anderson. L’épicier apporte à Amazon l’un des systèmes d’approvisionnement les plus sophistiqués."

"Une crédibilité immédiate"

Le créateur de Whole Foods, John Mackey, a développé au fil des ans de précieuses relations avec ses fournisseurs. Son réseau d’éleveurs, pêcheurs et cultivateurs garantit la qualité de ses achats. Sans antibiotiques, sans conservateurs. Ce réseau apporte "une crédibilité immédiate" à Amazon, assurent les analystes de Deutsche Bank. La direction d’Amazon va pouvoir dorénavant proposer des produits frais à ses jeunes abonnés Prime et leur promettre des livraisons rapides. A la fin 2018, espère Michael Pachter, 1 million de nouveaux venus pourraient adhérer à la formule Fresh, 10 millions dans les 10 ans.

Achat de 400 à 500 camions réfrigérés

Pour satisfaire cet afflux, il sera nécessaire de régler l’épineuse question du dernier kilomètre de livraisons. Whole Foods aujourd’hui travaille avec la société Instacart. C’est elle qui gère son commerce en ligne émergent. Mais pour les nombreuses troupes d’Amazon, il faudra faire beaucoup plus.

Michael Pachter table sur l’achat de 400 à 500 camions réfrigérés d’ici à la fin de l’année. Ces camions, attachés aux magasins, assureraient des livraisons à domicile de plus en plus rapides.

Les ventes en ligne, selon Kantar, se limitaient l’an dernier à 1,4 % de l’ensemble des produits alimentaires aux USA. En Corée du Sud, 16,6 %. Jeff Bezos va mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard de l’oncle Sam.

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