"Rien ne va plus chez Sodexi". Ainsi intitulé, le tract publié le 9 juin par la CGT Sodexi dénonce "un cocktail explosif que les salariés de l'entreprise subissent depuis plusieurs mois". Le syndicat pointe "le sous-effectif, la baisse de rémunération pour les bas salaires, les modifications de planning et les licenciements", alors que le chiffre d'affaires de l'entreprise est passé de 109 M€ en 2015 à 120 M€ en 2016.
Réductions d'effectifs
Concernant les effectifs, la direction de la Sodexi admet des efforts de maîtrise des ressources. "Il y a eu par le passé une réduction de l'ordre de 4 à 5 % par an, notamment liée à des baisses de trafic. Mais nous n'avons procédé à aucun licenciement économique et à aucun plan de départ volontaire", souligne le directeur général de la Sodexi, Jérôme Balbi.
"Ensuite, nous avons atteint un pic en 2015, car nous avons dû gérer une double exploitation au moment du démarrage de notre nouveau hub de Roissy-Charles de Gaulle. Depuis, les effectifs ont diminué et nous sommes aujourd'hui dans une perspective de stabilisation, voire de légère reprise", annonce le directeur général.
Des propos que conteste Philippe Zedet, délégué syndical de la CGT Sodexi. "Le plan prévisionnel pour 2019 qui nous été transmis le 7 juin fait état d'un effectif de 320 personnes pour 2019. C'est une nouvelle baisse, avec l'objectif de permettre un retour à l'équilibre de l'entreprise.
Arrêts maladies en hausse
La CGT estime que cette politique a eu de lourdes conséquences sur les salariés, avec notamment un nombre de jours d'arrêts maladie qui a explosé, passant de 6 787 en 2015 à 9 672 en 2016. La direction reconnaît une hausse mais plus modérée (7 888 jours d'arrêts en 2016). Elle affirme par ailleurs ne pas en connaître l'origine, dans la mesure où le motif des arrêts maladie reste nécessairement confidentiel.
Interrogé sur un lien éventuel avec la mise en service du nouveau hub, Jérôme Balbi estime qu'il est impossible de l'établir et souligne qu'à l'inverse, les accidents du travail ont légèrement diminué.
Autre impact, selon la CGT, de la baisse d'effectif : des changements de plannings permanents. Un argument réfuté par la direction, qui affirme que 60 à 70 % des changements sont à l'initiative du salarié.
Des primes pour l'amélioration de la performance
Dans son tract du 9 janvier, la CGT évoque également une baisse rémunération induite par l'instauration de "périodes vertes". Il s'agit de périodes creuses, 4 mois dans l'année, durant lesquels les effectifs présents le dimanche, jour payé double, ont été réduits. La direction revendique cette gestion des ressources, mais estime que les salariés bénéficient par ailleurs de l'amélioration de la performance économique.
"Tous les salariés ont bénéficié d'une prime de 233 € en janvier 2017 et nous allons en attribuer une autre de 300 € en juillet, à laquelle s'ajoute une majoration de 30 € pour les plus bas salaires", détaille Jérôme Balbi. Par ailleurs, des négociations sont prévues dans le courant de l'année sur le plan de l'intéressement.
La fin d'une "période délicate" ?
"On a traversé une période délicate. Le contexte général dans le groupe Air France-KLM et sur la plate-forme en général était également plutôt morose. Mais on commence à changer de registre depuis le début de l'année 2017", se félicite Jérôme Balbi.
La conjoncture économique semble plus favorable. Mais le directeur général met aussi en avant le bilan positif du nouveau hub. "Nous avons gagné 10 à 15 points de performance opérationnelle. Et nous absorbons désormais sans problème la période de pointe de fin d'année."
De quoi se concentrer désormais sur la gestion des ressources humaines ? Jérôme Balbi affirme une volonté de dialogue social, qui passe par les négociations avec les instances représentatives du personnel mais aussi par des démarches auprès des salariés. "Nous avons un projet baptisé Intrapreneuriat, qui vise à développer les initiatives du personnel pour proposer des améliorations de notre organisation. Nous voulons favoriser les remontées de terrain."
La CGT, en tout cas, annonce une mobilisation prochaine "si aucune démarche n'est entreprise par la direction".
Un combat pour changer de convention collective
La CGT Sodexi se bat également sur le terrain judiciaire pour obtenir une modification de la convention collective appliquée au sein de la Sodexi.
Les salariés sont actuellement rattachés à la convention collective des transports routiers et activités auxiliaires de transport. La CGT est allée en justice pour obtenir un rattachement à la convention collective du personnel au sol des entreprises de transport aérien, mais le tribunal de grande instance de Bobigny a rendu une décision défavorable le 4 mai. Le syndicat a saisi la cour d'appel.