Pierre Mercier, Boston Consulting Group : "La digitalisation va transformer les coûts de production"

Pierre Mercier, consultant du Boston Consulting Group.

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La digitalisation de l’économie, et celle du transport de marchandises avec elle, s’effectuent tambour battant. Elle remet déjà en cause les modèles économiques "traditionnels". Le point avec Pierre Mercier, consultant du Boston Consulting Group, cabinet international en stratégie.

L’émergence des plateformes numériques et la prépondérance de leur poids dans la logistique urbaine ne feront que s’accroître. Les lignes devraient également bouger au-delà des seules livraisons du dernier kilomètre. C’est l’avis du très sérieux Boston Consulting Group, un cabinet international en stratégie auteur de l’étude "How a digital storm will disrupt the parcel and express industry" (Comment l'explosion du digital va bouleverser le marché du colis et de l'express).

L’Officiel des Transporteurs : Dans une étude que le Boston Consulting Group a réalisée récemment, il est dit que les nouvelles solutions technologiques vont peser sur l’évolution des coûts de production de la livraison…
Pierre Mercier :
Parmi les diverses mutations, il existe celles liées aux volumes d’activité. Et celles liées aux technologies qui permettent de mieux gérer ces volumes et l’interface entre les différents points de contacts jusqu’à la livraison. Toutes les équations assises sur les structures de coûts actuelles seront remises en cause demain par l’accroissement de la demande, donc par sa densité, et par ces nouvelles solutions technologiques qui vont changer les règles du jeu établies.

L'OT : Vous faites allusion à toutes ces plateformes numériques qui éclosent ?
P. M. :
Je fais allusion à l’ensemble des moyens qui permettent de mieux gérer le transport. Les coûts de production en distribution sont aujourd’hui essentiellement liés à la densité de la demande. Si je parcours 50 km et que j’effectue 50 arrêts pour déposer des colis, mes coûts seront moindres que si j’effectue ces 50 km pour déposer un colis. Avec l’accroissement de la demande liée à la croissance du commerce en ligne, tous les fournisseurs vont voir leurs coûts baisser, ce qui ouvrira le jeu concurrentiel.

Au-delà de l’accroissement de la demande, un second facteur va transformer les coûts de production en distribution : les modes de relation avec les clients vont être bouleversés par les plateformes digitales avec une meilleure capacité à éviter les rendez-vous manqués et le temps perdu sur le point de livraison. Sans compter l’augmentation des flux livrés sur des points de collecte. Enfin, les plateformes vont faciliter l’optimisation des moyens en temps réel et la réduction des coûts de production, sur fond de fluidification des flux et de meilleures prévisions. (...)

L'OT : Vous faites référence aux points relais en l’occurrence. Ils sont déjà nombreux…
P. M. :
Oui, c’est vrai, mais leur expansion va être exponentielle, ce qui baissera d’autant les coûts de livraison liés.

L'OT : Dans votre étude, vous assurez que les technologies de conduite autonome amèneront les transporteurs, à terme, à s’orienter vers des véhicules plus petits, plus flexibles, qui pourront aller s’approvisionner dans des dépôts locaux plutôt que dans des hubs plus importants. Pouvez-vous développer ?
P. M. :
En fonction du point à partir duquel il me devient rentable d’ouvrir un maillon supplémentaire dans la chaîne, je le fais. Plus j’ai une densité de demande importante, plus j’ai un volume important, plus je vais pouvoir aller vers des plateformes qui maillent le territoire et, par conséquent, vers l’utilisation de véhicules plus petits pour des tournées de dimension locale. Sans compter que, dans un scénario de conduite autonome, la compétitivité des liaisons point à point se trouvera très largement améliorée au regard des flux qui transitent par un hub.

L'OT : À quel type de véhicules faites-vous allusion précisément ?
P. M. :
Notre étude possède une vocation européenne et mondiale. Il est donc peu évident d’établir des généralités, notamment sur la généralisation du moins de 3,5 t. C’est vrai pour la France et l’Europe, mais pas forcément au-delà. Les questions relatives aux réglementations contraignantes, qui sont et seront mises en place par les villes, tombent également sur ce type d’interrogation. On fait allusion aux mesures prises contre la congestion, les émissions de CO2 et le bruit. (...)

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