Eurofos : de nouvelles règles de rendez-vous pour les transporteurs routiers

À compter du 12 juin, un poids lourd avec un rendez-vous fixé à une heure précise sur le terminal Eurofos sera autorisé à franchir la "gate" seulement trente minutes avant ou trente minutes après.

Crédit photo NBC
Eurofos/PortSynergy instaure de nouvelles règles d’organisation sur le terminal à conteneurs de Fos à compter du lundi 12 juin. Le manutentionnaire entend ramener de quatre à une heure la tolérance au regard de la prise de rendez-vous et faire la chasse aux rendez-vous non honorés.

Depuis le début de l’année, transporteurs routiers, transitaires, agents, chargeurs dénoncent l’engorgement du terminal à conteneurs de Fos. Une crise de croissance qui serait en partie liée à la reconfiguration des alliances armatoriales

Le gestionnaire du terminal, Eurofos/PortSynergy, a décidé de réagir face à une situation suffisamment critique pour que certains industriels songent à diversifier leurs expéditions vers d’autres ports, en réorganisant les réceptions des poids lourds.

Réduction de la flexibilité horaire

À compter du 12 juin, un poids lourd avec un rendez-vous fixé à une heure précise sur le terminal Eurofos sera autorisé à franchir la "gate" seulement trente minutes avant ou trente minutes après. "Jusqu’à présent, nous avions quatre heures de tolérance. En réduisant la flexibilité horaire, nous augmentons de 25 % la capacité de réception des poids lourds en passant de 80 à 100 rendez-vous par heure", annonce Nicolas Gauthier, directeur général d’Eurofos et de la holding Portsynergy Project.

Lutter contre les faux rendez-vous

Par ailleurs, Eurofos s’engage également à lutter contre les prises de rendez-vous non honorées par les routiers. "Nous allons sanctionner ces comportements. Certains prennent 40 faux rendez-vous dans la journée. Le port de Southampton facture 30 livres un no show", avertit Nicolas Gauthier, qui songe à les priver temporairement de l’accès au terminal.

Ces initiatives ont été prises à l’issue d’une réunion à l’Union maritime et fluviale de Marseille-Fos, le 18 mai 2017, réunissant les principales organisations professionnelles concernées : AACN pour les agents, STM pour les transitaires, AUTF pour les chargeurs, la FNTR et TLF pour les transporteurs et le GPMM.

Le rôle des alliance maritimes

Si une meilleure discipline des transporteurs routiers s'avère nécessaire, il semble qu'Eurofos/PortSynergy porte aussi une part de responsabilité dans la saturation du terminal. En cause : une mauvaise anticipation de la redistribution de l’offre maritime, et plus spécifiquement du positionnement des deux plus grandes alliances maritimes chez Eurofos : The Alliance (*) et Ocean Alliance (**).

De janvier à fin mai, 480 000 EVP ont été manutentionnés su le terminal d’Eurofos, en hausse de 8 % comparé au cumul de 2016. Fos n'est pas le seul à gérer difficilement ce cap. Les ports de Seattle (États-Unis), de Yangshan (Asie) et de Rotterdam subissent eux aussi des ralentissements et des retards consécutifs à ces nouvelles alliances formées en début d’année.  

Jusqu'à deux heures d'attente

Les importateurs et exportateurs transitant par le port de Marseille sont formels. "Actuellement, 90 % des flux sont concentrés sur Eurofos. Le manutentionnaire n’a pas suffisamment anticipé la croissance de trafic résultant de la présence des deux alliances, ni anticipé les jours fériés du mois de mai. Il devient quasiment impossible de déposer ou de sortir un conteneur du port. Pour prendre un rendez-vous, il faut compter 24 heures, contre deux heures auparavant. Conséquence, les transporteurs qui effectuaient quatre à cinq tournées dans la journée n’en font plus qu’une ou deux et nous sommes obligés de stocker les conteneurs chez un prestataire en attendant de les déposer. Cela engendre des surcoûts", dénonce Carole Rongier, représentante du Groupe Chargeurs Sud de l’Autf.

Cette association qui fédère les grands industriels et distributeurs (Nestlé Waters, Ikea, Castorama Logistics, Distrimag, Seb, Kem One, Solvay, Decathlon…) effectue des mesures des temps d’attente des transporteurs routiers sur le terminal. "En mai 2016, 47 % des passages se faisaient en moins de trente minutes. En mai 2017, ce taux est tombé à 23 %. 33 % des transporteurs attendaient plus d’une heure et 5 % plus de deux heures", souligne Carole Rongier.

Des chargeurs tentés par d'autres ports

La responsable logistique d’Alteo Alumina, qui exporte 7000 Evp par an,  envisage de diversifier les ports et de confier une partie des flux à Seayard (Alliance M2), même si au final la facture s’avère plus salée. "Les alliances choisies dans le cadre d’appels d’offres nous conduisent chez Eurofos mais Alteo peut confier ses conteneurs à d’autres compagnies maritimes pour passer par Seayard. Cependant cette option s’avère plus coûteuse", détaille Mme Rongier.

Des chauffeurs à bout

Les temps d’attente seraient tels que des chauffeurs auraient démissionné. "Les chauffeurs attendent des heures en plein soleil sans eau", déplore un transitaire. Les entreprises de transport routier interrogées confirment cette situation d’asphyxie mais refusent de témoigner publiquement redoutant des mesures de rétorsion de la part d’Eurofos. "Si nous parlons, nous serons privés d’accès", confie l’un d’eux.

Interrogé sur ces questions, Nicolas Gauthier d’Eurofos livre son analyse : "Concernant les moyennes de cycle complet pour les camions, la moyenne depuis le début de l’année est de 46,13 min, ce qui est dans la fourchette basse des terminaux européens. En dessous d’une heure, nous considérons le terminal fluide et en dessous de 45 minutes, très fluide. Ceci étant il y a effectivement eu un pic à 61,18 min en mai compte tenu des nombreux jours fériés, qui concentre l’activité sur un nombre de jours plus faible. C’est le fameux phénomène de l’attente aux péages autoroutiers des départs et retours de longs week-ends."

Des transitaires inquiets

Le syndicat des transitaires de Marseille Fos s’inquiète de l’impact de cette situation sur l’image du port. "C’est très problématique pour nos clients, les transporteurs et les membres du syndicat. Les délais de livraison des camions sont anormaux. La situation s’est aggravée depuis un mois et certains clients commencent à passer par d’autres ports. Quand Eurofos tousse, le port en subit les conséquences. Avec le nouveau système de rendez-vous mis en place à compter du 12 juin, nous jouons l’avenir du port", souligne le président du STM, Stéphane Salvetat.

Ce dernier, comme l’ensemble des clients de la place, réclame un alignement des horaires d’ouvertures des dépôts de conteneurs vides sur les horaires d’Eurofos.

(*) NYK Line, MOL, “K” Line, Hapag-Lloyd, Yang Ming Line, UASC

(**) China Cosco Shipping, Evergreen Line, CMA CGM et OOCL

150 M€ d’investissements

Quinze nouveaux cavaliers sont arrivés fin mai 2017 sur le terminal à conteneurs  de PortSynergy/Eurofos. Ces engins de manutention verticale viennent compléter la flotte, 12 cavaliers neufs ayant déjà été livrés en 2015. Désormais, le manutentionnaire possède un parc de 53 cavaliers.

Eurofos annonce la mise en service fin juin et deuxième semaine de juillet de deux portiques à conteneurs supplémentaires, soit un total de dix portiques.

"Nous avons investi 150 M€ pour passer d’une dimension artisanale à une dimension industrielle. Nous recevons en moyenne 890 camions par jour", indique Nicolas Gauthier, directeur général d’Eurofos et de la holding PortSynergy Project.

Depuis janvier 2017, 40 nouveaux recrutements ont eu lieu au Gemfos, portant à 600 le pool de main-d’œuvre docker. C’est Eurofos (80 dockers salariés) qui emploie l’essentiel de ces hommes.

Le terminal devrait bénéficier de l’aménagement de la "rotule", une bande de terre de 300 m qui sépare le terminal de Seayard. Le Grand port maritime débute les travaux en octobre 2017. À leur achèvement, Eurofos exploitera le quai le plus long de France, avoisinant les deux kilomètres (1 900 m).

N.B.C.

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