Herbert de Saint-Simon, TLF Overseas : ''Les armateurs organisent la pénurie de moyens pour faire monter les taux''

herbert de saint simon

Herbert de Saint-Simon, président de TLF Overseas

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"Diktat" imposé par les alliances maritimes sur les prix et l'accès à la capacité, Douane jugée trop zélée, avenir incertain des CCS dont l'interopérabilité est hautement souhaitée... Voici les principaux dossiers que mène de front TLF Overseas sans oublier l'aérien. Entretien avec son président, Herbert de Saint-Simon.

La newsletter du fret : La qualité du service et la hausse des taux de fret semble être le premier effet des nouvelles alliances d'armateurs. Quelle est votre analyse ?

Herbert de Saint-Simon : Nous avons le sentiment que les armateurs organisent la pénurie de moyens pour faire monter les taux. Du coup, on a du mal à anticiper sur les prix et à avoir la garantie de l'embarquement de la marchandise. L'export s'en trouve pénalisé.

NLF : Passer sans transition de la surcapacité à la sous-capacité ne doit pas être très confortable…

H.de S-S. : En effet. Il n'y a pas de visibilité. Le taux de fret à l'export vers l'Asie et les Amériques a été multiplié par quatre ces dernières semaines. Pire : on prétend un manque de place à bord pour augmenter les prix au moment de l'embarquement. Il y a une surenchère ! Et on ne nous donne pas les conteneurs vides. Mais, tout cela devrait se réguler. Les compagnies nous promettent qu'une fois qu'elles auront réorganisé les "loops" [les boucles maritimes NDLR], la situation va s'améliorer.

NLF : Justement, que pensez-vous des nouvelles routes ?

H.de S-S. : Ce qui nous préoccupe c'est que les ports français soient bien placés. Or, Le Havre ne s'en sort pas trop mal quant au nombre d'escales, finalement.

NLF : Pensez-vous que les ports français ont les atouts nécessaires pour rester compétitifs ?

H.de S-S. : Le diagnostic sur la compétitivité des grands ports maritime est fait avec les rapports parlementaires et la synthèse établie par le TDIE. Il faut agir maintenant.

L'enjeu de la compétitivité est que tous les acteurs portuaires fassent bien leur travail et ce en même temps. Or, il y a des points d'amélioration, à mon sens : les investissements publics pour étoffer la desserte des ports (fluvial et rail), moins développée par rapport aux concurrents étrangers, tardent à venir.

Par ailleurs, quant à la mise en place du CDU (Codes des Douanes de l'Union) qui est en cours, nous aimerions que la Douane joue davantage le rôle de facilitateur. C'est notamment le cas des cautions et la possibilité qu'un représentant en douane puisse sous-traiter ces opérations de douane sur le port. Ce qui se fait déjà dans d'autres ports européens.

Par ailleurs, la douane ne prend pas suffisamment en compte le statut d'OEA (Opérateurs économiques agréés) qui ne bénéficie donc pas des avantages de son statut. Ceci dit, on va dans le bon sens et je pense qu'on va y arriver. Mais ces difficultés peuvent clairement jouer dans le choix des ports.

NLF : Le CCS est aussi un levier de compétitivité. Comment voyez-vous le dédoublement d'AP+ en S)One et CI5 proposés par les deux éditeurs de référence ?

H.de S-S. : Nous souhaitions un CCS unique pour les ports français. Or, les deux éditeurs, Soget, qui est en train de déployer S)One au Havre, et MGI ont déjà investi beaucoup d'argent.

Si un seul système n'est pas possible tout de suite, nous voudrions au moins que les deux soient interopérables. Ils nous disent qu'ils y travaillent. Désormais, le pilotage de ce dossier est dans les mains de la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) et de la Douane.

NLF : Le fret aérien se porte plutôt bien. Quels projets avez-vous dans ce domaine ?

H.de S-S. : Nous sommes sur le point de lancer une interprofessionnelle, l'ACFA (Air Cargo France Association), réunissant commissionnaires, agents de handling, compagnies et la Douane à Roissy pour améliorer les performances de cet aéroport, avec le concours d'ADP. On souhaite notamment rendre les flux physiques plus fluides et faire avancer le e-Fret. La dématérialisation progresse lentement.

La France n'est pas à la pointe notamment sur les échanges entre compagnies aériennes, commissionnaires et sociétés de handling. Sur ce sujet, c'est la Douane qui nous pousse à accélérer le mouvement. Air France, qui représente un tiers des capacités, a bien avancé sur ce dossier. Au sein de TLF, le dossier global de la digitalisation est un de nos sujets prioritaires.

Retrouvez cet article dans la News du fret n°115 du 3 mai 2017.

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