« Les ports compétitifs de demain seront ceux qui auront réussi leur transition énergétique, écologique, industrielle, numérique et humaine », assure le président de la région normande Hervé Morin qui préside aussi Ports de Normandie (Caen, Cherbourg, Dieppe). À l’invitation de Christian Boulocher, le patron de l’Union portuaire rouennaise, et devant les acteurs privés de la place, le président de la région normande Hervé Morin a détaillé ses ambitions portuaires. Une feuille de route qu’il dit avoir élaborée avec toutes les parties prenantes (Umep, UPR, SynerZIP, AEJPR, Ports de Normandie) et en complémentarité, a-t-il insisté, avec le projet d’Haropa Port, l’établissement issu de la fusion des ports de Paris, Rouen et Le Havre.
Les ports sont les sites privilégiés d’un développement économique et industriel responsable et vertueux, signifie-t-il. Il convient donc d’y favoriser l'implantation d'industries de transition écologique, notamment les EMR en accentuant la collaboration entre places portuaires mais aussi l’hydrogène pour faire de l’Axe Seine le territoire pilote de production et de consommation et les projets industriels de capture du gaz à effet de serre. Sans oublier d’y adosser des parcs d'activités industrielles et logistiques et des outils de formation associés. La Région est déjà engagée sur l’ensemble des ces voies, assure Hervé Morin.
Ports attractifs, innovants et durables
Avec EDF, Ports de Normandie s’active pour développer l’alimentation à quai des navires, favoriser le développement de la production et de l’offre de carburants alternatifs... Une étude a notamment identifié les conditions pour favoriser le déploiement de l’hydrogène dans l’industrie et la mobilité dite lourde (le ferroviaire, le fluvial et maritime et l’aérien). Un projet autour de l’avitaillement en carburants à faibles émissions pour le transport fluvial et maritime dans la vallée de la Seine vise à faire émerger une chaîne complète autour du gaz naturel (liquéfié ou comprimé) et de l’hydrogène. Les travaux autour de la capture et du stockage du CO2 issu des processus industriels de l’axe Seine, coordonnés par SynerZIP LH avec l’appui de nombreux industriels et d’Haropa, se sont penchés sur les conditions de faisabilité d’une telle infrastructure.
Nouveau modèle portuaire
Une autre façon de limiter l'impact de l’industrie et de la logistique sur le climat est de favoriser la multimodalité et les modes massifiés, est-il inlassablement repris. Pour développer la part du fret ferroviaire portuaire, la région a régénéré l’itinéraire Serqueux-Gisors (90 M€). Mais son président, qui souhaite une desserte fluviale de Caen, n’a pas soufflé mot sur le canal SNE.
L’autoroute ferroviaire Cherbourg-Bayonne, portée par Brittany Ferries, que Ports de Normandie finance à hauteur de la moitié du coût estimé à 6 M€ (terminal de ferroutage de Cherbourg), s’inscrit aussi dans cette dynamique.
« Dans dix ans, nous serons considérés comme une référence à la fois sur les questions énergétiques, sur un nouveau modèle de développement, et sur la capacité de créer de la valeur ajoutée à travers les initiatives industrielles d’entreprises capables de se transformer en profondeur face à l’enjeu climatique », n’hésite pas à avancer Hervé Morin.
Robert Querret