Les eurodéputés veulent durcir les objectifs de réduction des émissions de CO2 pour les véhicules lourds (camions, bus urbains et bus longue distance), et l'ont exprimé par un vote en assemblée plénière, le 21 novembre au Parlement européen.
En préambule, le rapporteur a rappelé que bus et camions sont responsables de plus de 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant du transport routier, et plus de 6 % du total des émissions de gaz à effet de serre de l’UE.
Un référentiel déjà existant. En 2019, un règlement de l'UE a déjà fixé des objectifs de réduction des émissions de CO2 à l'industrie du poids lourd :
- Réduction de 15 % des émissions de CO2 en 2025 (en prenant comme année de référence 2019) ;
- réduction de 30 % des émissions de CO2 en 2030 (par rapport à 2019).
- Tout poids lourd fabriqué en Europe ou destiné au marché européen depuis 2019 est enregistré dans le logiciel Vecto qui calcule ses émissions de CO2.
Nouveaux objectifs plus contraignants. Face au dérèglement climatique qui s’accélère, les députés européens souhaitent établir de nouveaux objectifs pour ces catégories de véhicules :
- objectif de -15 % en 2025 conservé ;
- réduction de 45 % des émissions de CO2 en 2030 (par rapport à 2019 ; remplace les -30 %) ;
- -65 % en 2035 (par rapport à 2019) ;
- -90 % en 2040 (par rapport à 2019).
Investir dans l'électricité et l'hydrogène. « La transition vers des camions et des bus à zéro émission est non seulement essentielle pour atteindre nos objectifs climatiques, mais aussi cruciale pour purifier l’air dans nos villes, souligne le député vert néerlandais Bas Eickhout, rapporteur du texte devant ses pairs. Nous apportons de la visibilité à l’une des principales industries manufacturières en Europe et une incitation claire à investir dans l’électrification et l’hydrogène. Nous nous appuyons sur la proposition de la Commission, en élargissant le champ d’application et en adaptant plusieurs objectifs et critères de référence pour nous aligner sur la réalité, car la transition est plus rapide que prévu ».
Ce nouveau règlement sera-t-il accepté ou amendé ? Même si les eurodéputés les ont validés en assemblée plénière, ces nouveaux taux ne sont pas pour autant entrés en vigueur. Des pourparlers entre le Parlement et les 27 Etats membres se sont engagés afin de finaliser ces nouveaux objectifs. Ces négociations peuvent prendre encore plusieurs mois, et aboutir à des amendements de la part des ministres des Transports des 27.
L'industrie du poids lourd pointe un problème... « Pour les constructeurs de camions et d'autobus, la question n'est pas de savoir si nous devons décarboner, mais à quelle vitesse nous pouvons le faire, a immédiatement répondu l'Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA).
Nous faisons notre part en fournissant les véhicules et la technologie nécessaires pour que le transport routier européen n'ait plus recours aux énergies fossiles d'ici à 2040. Pourtant, l'incapacité à créer des conditions favorables ralentira non seulement la transition verte de notre secteur, mais menacera également notre compétitivité mondiale ».
L’Acea renvoie les Etats membres à leurs responsabilités : « Les constructeurs investissent des milliards de dollars dans les technologies zéro émission pour les véhicules électriques à batteries et à hydrogène. La technologie est disponible et la production en série s'accélère rapidement. Mais nous constatons la quasi-absence d'infrastructures de recharge, ainsi que l'absence de systèmes efficaces de tarification du carbone et de mesures de soutien visant à remplacer les modèles conventionnels par des alternatives à zéro émission ».
On se heurte là à la dimension économique du problème : ok pour réduire les taux d'émission des camions, mais qui va régler le coût de la transition énergétique ? Bien malin qui peut dire maintenant à quelles énergies circuleront les camions européens en 2030, et encore moins en 2040 ou 2050.